Le pape définit les contours d'une «économie du soin»

Tendre vers une «économie du soin», une économie régulée en vue de la justice et une économie  courageuse, tel est l’appel du pape François dans un message vidéo publié le 8 février 2021 à l’occasion de la Journée mondiale contre la traite humaine. Dans un contexte marqué par la crise, il invite à prier pour les victimes mais aussi pour tous ceux qui œuvrent pour en finir avec l’esclavage.

Le pape participe aujourd’hui au Marathon de prière contre la traite des personnes dans le monde. Dans un message vidéo de 9 minutes, il livre ses réflexions en reprenant le thème de la septième édition de cette journée mondiale: «Une économie sans trafic d’êtres humains». Cette journée est organisée par Talitha Kum, le réseau international de vie consacrée engagée contre la traite des personnes, fondé en 2009.

Elle se déroule le 8 février, en la fête de sainte Joséphine Bakhita – esclave soudanaise, devenue religieuse en Italie -, que le pape invite à prier pour soulager les victimes de la traite et pour ceux qui travaillent à mettre en place des processus d’intégration et de réinsertion sociale.

Dans le sillage de The Economy of Francesco, le pape François propose trois pistes pour advenir à une économie libérée de la pratique de l’esclavage. Il plaide d’abord pour «une économie du soin», tournée vers la solidarité; puis pour une économie dotée des règles de marché capables de favoriser la justice; et enfin, pour une économie courageuse, qui recherche des fruits à moyen et long terme.

Vers une économie du soin

Pour sortir d’une économie qui favorise le fléau de l’esclavage, le pontife argentin plaide d’abord pour une économie du soin. «Nous sommes convaincus que la solidarité, bien administrée, donne lieu à une construction sociale plus sûre et plus saine», assure-t-il, définissant la culture du soin comme «le fait de prendre soin des personnes et de la nature, d’offrir des produits et des services pour la croissance du bien commun».

Il estime dès lors essentiel que le système économique soit en mesure de fournir du travail à tous, mais des «emplois qui n’exploitent pas les travailleurs par des conditions de travail dégradantes et des horaires exténuants». Or, note le successeur de Pierre, «la pandémie de Covid a exacerbé et aggravé les conditions d’exploitation des travailleurs».

Vers une économie régulée

«Une économie sans trafic d’êtres humains est une économie avec des règles de marché qui favorisent la justice, et non des intérêts particuliers exclusifs», souligne dans un second temps le pape. Très critique vis-à-vis du capitalisme néo-libéral, «terrain fertile» de la traite des êtres humains par la déréglementation des marchés, il appelle à construire une économie basée sur des critères éthiques. Aujourd’hui, «les choix ne se font pas en considérant les personnes: les personnes sont des nombres à exploiter», déplore-t-il.

Vers une économie courageuse

Enfin, l’évêque de Rome propose une «économie courageuse». Non pas le courage de monter des opérations risquées dans l’espoir de gains faciles, avertit-il. «C’est au contraire le courage d’une construction patiente, d’une planification qui ne se préoccupe pas toujours uniquement du gain à très court terme, mais des fruits à moyen et long terme».

Cette économie pourrait combiner «le profit légitime avec la promotion de l’emploi et des conditions de travail décentes ». En période de crise, conclut le pontife, ce courage est d’autant plus nécessaire: «la traite des êtres humains prolifère; c’est pourquoi nous devons renforcer une économie qui puisse répondre à la crise d’une manière qui ne soit pas à courte vue, d’une manière durable, d’une manière solide». (cath.ch/imedia/hl/bh)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/le-pape-definit-les-contours-dune-economie-du-soin/