Dans sa prise de position du 25 janvier 2021, le Conseil suisse des religions (CSR) a recommandé le rejet de l’initiative dite «anti-burqa», qui vise à intégrer dans la Constitution l’interdiction de dissimuler son visage dans l’espace public. Le CSR exhorte à opter pour le contre-projet indirect du Conseil fédéral et du Parlement, qui ne prévoit un dévoilement obligatoire que dans le cadre d’un contrôle d’identité.
Dans un communiqué du 8 février, un comité de cinq personnalités religieuses de Suisse affirme «ne pas pouvoir appuyer la position» du CSR. Le groupe est composé du prêtre catholique genevois Alain-René Arbez, du pasteur réformé vaudois Shafique Keshavjee, de la journaliste musulmane Saïda Keller-Messahli, de la formatrice d’adultes israélite Fabienne Alfandari et de l’auteur et spécialiste de l’islam Christian Bibollet, de confession évangélique. Ils mentionnent une série d’arguments prenant le contre-pied des positions du CSR.
Alors que ce dernier met en garde contre la discrimination que représenterait une interdiction du voile intégral, le comité relève que «le port du voile est justement un cas de discrimination». «Les musulmans traditionalistes apprennent en effet aux femmes, dès leur enfance, que leur corps est impudique et honteux parce qu’il éveille chez l’homme des désirs coupables, notent les cinq militants. Un tel enseignement constitue une discrimination indéniable et grave à leur égard parce qu’on leur instille l’idée qu’elles sont des êtres impurs, car facilement instrumentalisés par Satan pour détourner les hommes du chemin de la piété». Le voile n’est donc pas, selon les membre du comité, «un symbole extérieur de dévotion à Dieu (…) mais une pratique qui mène à la mise à l’écart des femmes».
Le groupe interreligieux estime «indéfendable» d’invoquer la liberté de religion pour placer au-dessus de toute critique «une pratique discriminatoire qui porte atteinte à un autre droit fondamental de la femme, celui du respect de sa dignité».
Le comité juge aussi que la paix religieuse requiert de respecter les lois et les coutumes du pays d’accueil. «La Suisse est un pays démocratique, riche d’un long héritage chrétien et humaniste. Dans ce pays, femmes et hommes interagissent à visage découvert».
Pour ces raisons «et en dépit des faiblesses de cette initiative populaire», les signataires du communiqué appellent donc à voter en sa faveur. (cath.ch/com/rz)
Raphaël Zbinden
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