Birmanie: après le putsch, Mgr Saw Yaw Han appelle à la prière

Après le coup d’État de l’armée birmane, le 1er février 2021, et l’arrestation des principaux dirigeants du gouvernement civil, dont la Conseillère d’État Aung San Suu Kyi, Mgr John Saw Yaw Han, évêque auxiliaire de Rangoun, a appelé à prier pour la Birmanie. Il a également appelé prêtres et religieux «à la vigilance».

L’armée birmane a opéré un coup d’État le 1er février, vers 4 heures du matin, alors que l’inauguration du nouveau Parlement post-élections devait avoir lieu le lendemain, 2 février. Elle a procédé à l’arrestation des principaux dirigeants du gouvernement civil, dont la Conseillère d’État, et prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. La «Tatmadaw», nom birman de l’armée, a également déclaré un état d’urgence pour un an, en plaçant le général Min Aung Hlaing à la tête du pays, rapporte le site des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie.

«Nous devons rester vigilants et prier», a confié Mgr John Saw Yaw Han à l’agence Fides tout en invitant la population à la prudence. L’évêque auxiliaire de Rangoun a fait part de son inquiétude face à une situation qui pourrait devenir critique. C’est pourquoi il a appelé l’Église en Birmanie à «faire des provisions alimentaires afin d’éviter des pénuries, et à bien gérer les stocks de médicaments disponibles, pour pouvoir veiller sur la santé des gens».

«Priez pour la paix en Birmanie»

Mgr Saw Yaw Han a aussi appelé tous les catholiques birmans à prier pour la paix. Il a demandé aux prêtres de rester particulièrement vigilants, et de «contrôler ceux qui entrent dans les églises» afin de veiller à la sécurité des fidèles et les a invité à «continuer d’encadrer les services liturgiques».

Il leur a également demandé d’éviter de publier des commentaires individuels sur les événements actuels, afin de maintenir un esprit d’unité et de cohérence dans la communication de l’Église et pour éviter de semer le trouble et la confusion.

Lignes téléphoniques coupées

Joseph Kung Za Hmung, directeur du Gloria News Journal, un journal catholique basé à Rangoun, a indiqué qu’il n’y avait «aucune manifestation ni aucun rassemblement public dans les rues de Rangoun». «Les lignes téléphoniques ont été coupées dans l’ensemble du pays, et elles ne fonctionnent qu’à Rangoun et dans la capitale, Naypyidaw», a-t-il ajouté. Ce fait explique qu’au moment du coup d’État, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, en visite pastorale dans l’État Kachin, dans le nord du pays, n’a pas pu être joint par l’agence Fides.

Crainte de manifestations massives

Joseph Hmung explique que «pour l’instant, les citoyens attendent, parce que nous craignons que des manifestations massives ne mènent à un vrai coup d’État qui placerait les généraux au pouvoir pendant plusieurs décennies, et sonnerait vraiment la fin de l’expérience de la démocratie dans le pays».

L’armée s’est justifiée en accusant le gouvernement civil de fraudes – qui auraient eu lieu lors des élections générales de novembre – et en contestant le maintien des élections malgré la pandémie. Le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), avait remporté la majorité des sièges parlementaires au cours des dernières élections.

Appel à «ne pas accepter» le putsch

Alors que les rumeurs de coup d’État se renforçaient ces derniers jours, Aung San Suu Kyi avait de son côté laissé un message à la population, diffusé le 1er février par le président de la LND sur les réseaux sociaux, dans lequel elle exhorte les Birmans à «ne pas accepter» ce putsch.

Longtemps exilée en Inde et en Grande-Bretagne, Aung San Suu Kyi est rentrée en Birmanie en 1988, devenant la figure de l’opposition face à la dictature militaire. Elle a passé 15 ans en résidence surveillée avant d’être libérée par l’armée en 2010.

La LND d’Aung San Suu Kyi était au pouvoir depuis les élections législatives de 2015, premières élections générales depuis la dissolution de la junte militaire en 2011. Mais la transition à un pouvoir civil était restée partielle, les militaires ayant gardé le contrôle de certains ministères, comme ceux de l’Intérieur et de la Défense.

Brusque coup d’arrêt à la démocratie

La Birmanie est sortie en mars 2011 d’un régime militaire au pouvoir pendant presque un demi-siècle, rappelle Vatican News. Ce nouveau putsch met donc un brusque coup d’arrêt à une parenthèse démocratique de dix ans. Les deux derniers coups d’État depuis l’indépendance du pays en 1948 avaient eu lieu en 1962 et 1988. Cette année-là, quelque 3’000 civils avaient été tués par les militaires lors d’une répression sanglante de manifestations contre le pouvoir en place.

Ce coup d’État, mené en quelques heures et sans effusion de sang, a été immédiatement condamné par plusieurs capitales étrangères – dont Washington -, par l’Union européenne et par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. (cath.ch/eda/vatnews/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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