«La réforme, de fait, est déjà réalisée», a répété le cardinal Parolin, soulignant en premier lieu les grands changements opérés au niveau économique. Citant les trois organismes créés en 2014 pour améliorer la gestion et la transparence en matière administrative et financière au Vatican – Conseil pour l’Économie, Secrétariat pour l’économie et Bureau du réviseur général du Vatican – le haut prélat a reconnu que cette réforme avait découlé d’un «besoin» bien réel.
Évoquant d’autres chantiers impulsés sous le pontificat de François, comme celui du Dicastère pour la Communication, le haut prélat italien a par ailleurs mentionné de possibles regroupements entre différentes entités du Saint-Siège. Ce pourrait être le cas de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples avec le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation ou bien encore de la Congrégation pour l’éducation catholique avec le Conseil pontifical de la culture.
Ces réformes seront contenues dans la nouvelle Constitution apostolique dont le titre de travail est Praedicate Evangelium (Prêchez l’Évangile, en latin). Un titre qui, selon le cardinal, indique bien l’optique dans laquelle la réforme a été pensée. «Tout dans l’Église doit être révisé et orienté pour l’annonce de l’Évangile», a-t-il rappelé, citant l’exhortation apostolique programmatique du pape François, Evangelii Gaudium.
Le cardinal secrétaire d’État n’a pas donné de date précise pour la proclamation de la Constitution. «Je pense que cela ne tardera pas», a-t-il déclaré, assurant qu’elle serait promulguée au cours de l’année.
Interrogé sur une possible «naïveté» du Saint-Siège concernant l’accord avec la Chine, le cardinal Parolin a d’abord expliqué respecter toutes les personnes ayant des opinions différentes et formulant des critiques à l’encontre de la politique du Saint-Siège. «C’est une situation extrêmement complexe et difficile», a-t-il poursuivi, reconnaissant qu’il pouvait exister des points de vue divergents. Mais, sous l’«impulsion fondamentale» du pape François, «nous avons choisi cette route des petits pas», en ayant conscience que cet accord ne pourrait pas résoudre tous les problèmes rencontrés par l’Église en Chine, s’est-il justifié.
Faisant une analogie avec la parabole du Semeur, le «numéro 2» du Saint-Siège a estimé qu’une graine avait été semée, et qu’avec la grâce de Dieu et le travail de tous, elle pourrait grandir et porter du fruit. «Il faut beaucoup de patience», a-t-il enfin averti.
Concernant le voyage apostolique en Irak, le pape désire se rendre dans le pays en premier lieu pour encourager les chrétiens après des années d’épreuve qui ont provoqué une sorte «d’hémorragie» au sein des communautés qui se sont réduites. Le pontife, a-t-il assuré, veut leur «donner du courage» afin qu’ils contribuent à rebâtir le pays. Dans un second temps, le pape devrait soutenir la société civile dans son désir de mener des réformes politiques.
Sur le plan du dialogue interreligieux, le pape François devrait s’appuyer sur le Document sur la Fraternité humaine signé à Abou Dabi dans lequel islam et christianisme partagent des «repères fondamentaux», notamment la condamnation des violences au nom de Dieu et la contribution des religions à un monde plus juste.
Interrogé sur le projet de loi sur le séparatisme étudié en France pour répondre aux dérives de l’islam, le cardinal Parolin a dit s’interroger «sur le besoin d’une loi qui pourrait déstabiliser les équilibres qui se sont créés». Pour lui, il existerait également un «risque de toucher les autres religions».
Le haut prélat considère que les religions ont un rôle à jouer dans la société. Les croyants sont citoyens à part entière et leur foi ne se désintéresse pas des grands enjeux sociétaux. Dans cette optique, a-t-il considéré, il est important d’assurer un espace dans le domaine public afin qu’ils puissent s’exprimer.
Outre ces grands points actuellement à l’agenda du pape François et du Saint-Siège, le cardinal a réaffirmé le «désir» du pape, invité par les autorités ecclésiastiques et politiques française de se rendre dans le pays. «L’Eglise a besoin de retrouver cette unité pour laquelle Jésus a prié», a ajouté le secrétaire d’Etat en évoquant «les tensions et les divisions» qui existent actuellement dans l’Eglise. (cath.ch/imedia/cg/ah/hl/bh)
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