par Vera Rüttimann, kath.ch / traduction et adaptation: Grégory Roth
Pendant longtemps, les sœurs de la province suisse d’Ingenbohl ont dirigé leur couvent elles-mêmes. Aujourd’hui, la province est en pleine mutation: l’âge moyen des religieuses en Suisse est de 81 ans.
Les sœurs ont été contraintes de recruter de plus en plus de personnel externe, notamment pour les soins infirmiers ou l’entretien ménager. Elles étaient aussi la recherche d’un directeur exécutif. Lorsque Thomas Thali a vu l’annonce, il a immédiatement été séduit par le poste. Il s’est rapidement porté candidat. «Mon emploi est une étape dans ce processus de mutation», explique-t-il.
Sa tâche consiste à soulager les sœurs dans la gestion opérationnelle. Son agenda est rempli de réunions pour traiter, entre autres, des finances, de la planification et des ressources humaines.
Thomas Thali se voit comme un leader. Il peut mettre à profit sa grande expérience et ses nombreuses compétences dans le domaine des relations humaines, par le biais de plusieurs formations et activités professionnelles. Le théologien a notamment participé à des travaux de quartier à Obergütsch, au-dessus de Lucerne.
Il a également suivi une formation d’éducateur d’adultes et a travaillé en tant que directeur général de Caritas Lucerne et de l’Académie pour l’éducation des adultes (AEB Suisse). «J’ai très vite compris que le travail de direction me convenait», confie Thomas Thali, détenteur d’une formation commerciale qu’il estime nécessaire pour cette fonction.
«Je ressens complètement cette volonté de changement chez les sœurs d’Igenbohl».
Thomas Thali
Le couvent d’Ingenbohl est en plein processus de transformation et Thomas Thali apprécie ce genre de défi. «Construire et travailler pour le changement. Ce sont des aspects qui m’ont toujours fasciné dans ma vie», souligne-t-il. L’ancien responsable de Caritas aime accompagner les organisations en mutation, d’autant plus s’il rencontre des personnes qui veulent ce changement. «Je ressens complètement cette volonté de changement chez les sœurs d’ici», observe-t-il.
Domicilié à Kriens (LU), il n’a pas l’impression d’être un «intrus» venu de l’extérieur du couvent, mais il est très attentif à la manière de dialoguer avec les sœurs. «Je communique beaucoup sur le bien-fondé des décisions à prendre, précise-t-il. Et en retour, je ressens une grande bienveillance de leur part».
De leur côté, les sœurs d’Ingenbohl ont le sentiment d’avoir devant elles un homme qui comprend leur monde. Ce n’est pas une coïncidence, pour Thomas Thali, car il a grandi dans une famille «bien catholique», avec un oncle prêtre et une proche parente religieuse au couvent de Fahr. Durant son enfance, il se rendait régulièrement au couvent. «Je m’asseyais dans le parloir, car je trouvais cet endroit toujours très accueillant».
Dans ses activités, il a continué à voir le monde des couvents de l’intérieur. «J’admire le besoin et la volonté de changement des religieux, dit-il, «eux qui toujours dû se reconstruire et se réorienter, tout en allant de l’avant «.
C’est le cas des sœurs Ingenbohl aujourd’hui. Thomas Thali a un «grand respect» pour ces religieuses qu’il rencontre dans son travail et qui ont été actives dans le domaine des soins infirmiers, de l’éducation, des institutions sociales ou de l’entretien ménager. «Quand ces femmes me parlent de leur vie, je trouve cela fascinant.»
C’est pourquoi il s’inquiète du sort des sœurs et fait tout pour qu’elles soient bien soignées. En tant que directeur exécutif, il lui incombe de veiller à ce que les fonds disponibles du couvent soient utilisés à bon escient. Même si les sœurs, relève-t-il, ont toujours été habituées à être très prudentes avec leur argent. «Elles ne l’ont jamais jeté l’argent par les fenêtres. Elles sont très économes dans leurs dépenses.»
Situé sur la colline du couvent d’Ingenbohl, son bureau se trouve dans un bâtiment moderne, datant des années 1960. De sa fenêtre, Thomas Thali voit une branche du lac des Quatre-Cantons, d’un côté. Et de l’autre, les deux pyramides des Mythen, les montagnes symboliques du canton de Schwytz.
La crypte est l’un des endroits du couvent que le Lucernois affectionne particulièrement. C’est là que repose Mère Marie-Thérèse Scherer, de Meggen, (1825-1888), cofondatrice et première Supérieure générale des Sœurs de la Sainte-Croix d’Ingenbohl, béatifiée en 1995, Pour Thomas Thali, ce lieu est chargé d’émotion. «Toute la colline du couvent est un lieu qui dégage des ondes positives, que je ressens dans mon travail ici». (cath.ch/kath/vr/gr)
Le domaine d’Ingenbohl
La fondation de l’Institut des sœurs de la Sainte-Croix d’Ingenbohl remonte au milieu du XIXe. Face à la misère sociale le Père Théodose Florentini fonde un Institut de Sœurs à Altdorf (UR). En 1844, il appelle les trois premières aspirantes et les charge de fonder une école pour filles à Menzingen.
La petite communauté s’agrandit rapidement, gagnant plusieurs communes en Suisse centrale et orientale où les sœurs s’engagent dans l’enseignement. En 1852, le Père Théodose achète un domaine à Ingenbohl (SZ), au bord du lac des Quatre Cantons, pour fonder la maison mère des Sœurs de Charité. Leurs activités s’étendirent rapidement en Suisse, en Autriche-Hongrie et en Allemagne.
En 1888, on construisit un nouveau bâtiment, le Theresianum, agrandi en 1914-1916, restauré et complété de pavillons annexes entre 1965 et 1980 pour accueillir les trois sections de l’école normale, du gymnase et de l’école supérieure de commerce. En 1996, le Theresianum est transféré à une fondation privée.
Rédaction
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