Sept pistes du Vatican pour protéger les océans

Encourager les pêcheurs à participer au nettoyage des mers lorsqu’ils sont au large, les consommateurs à être attentifs au poisson qu’ils achètent, s’associer au nettoyage des plages et des berges de rivière ou bien encore promouvoir un mode de vie responsable qui reflète l’enseignement de l’Évangile… Telles sont les pistes lancées par le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, lors d’une conférence en ligne, le 18 janvier 2021.

C’est dans un cadre peu ordinaire que le cardinal Turkson s’est exprimé sur le thème des «poissons» et du «bien-être en mer». Le haut prélat ghanéen a en effet accepté l’invitation de l’association britannique Catholic Concern for Animals qui milite avec vigueur pour le bien-être animal à travers le monde.

Dans son intervention, le cardinal Turkson a voulu insister sur la «responsabilité» de l’homme vis-à-vis du monde de la mer. Livrant sept lignes directrices pour parvenir à une plus grande protection de cet environnement en péril, il s’est appuyé sur la pensée de Benoît XVI pour préciser qu’il est possible d’utiliser de manière responsable la nature pour satisfaire des besoins légitimes tout en respectant l’équilibre intrinsèque de la Création.

Une vie marine pas séparée

Le cardinal a d’abord invité à se pencher sur les mécanismes du monde marin, milieu «complexe et interconnecté». «Nous ne pouvons pas évaluer la vie marine seule, comme si elle était séparée de la géologie, des hommes et de l’atmosphère», a-t-il souligné.

De cette connaissance doit jaillir une prise de conscience. « Nous détruisons les océans et la vie marine et nous mettons en danger l’ensemble de notre planète », a-t-il alerté dans son deuxième point. Citant le document Aqua fons vitae – publié par le dicastère en mars 2020 –, il a énuméré plusieurs défis auxquels font face les milieux aquatiques dégradés par les micro-plastiques, les activités offshore, sous-marines et terrestres, la surexploitation ou bien encore les pollutions chimiques et même sonores.

Pour des pêcheurs nettoyeurs

Le cardinal a appelé dans un troisième point à protéger et conforter les pêcheurs «qui effectuent leur travail en évitant la pollution, en respectant la réglementation en vigueur et en limitant le gaspillage de poissons». Dans le même temps, un effort constant doit être mené pour lutter notamment contre les méthodes de pêche nuisibles.

Le cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral | © Raphaël Zbinden

Piste originale: le chef du dicastère a plaidé pour que les pêcheurs puissent être encouragés à rapporter les déchets collectés en mer dans les ports où un service de collecte serait organisé. En contribuant concrètement au nettoyage de la mer, les pêcheurs verraient dès lors leur vocation traditionnelle élargie.

L’Église peut agir concrètement

«Les industries de la mer, les entreprises connexes et les consommateurs doivent faire leur part» dans la lutte contre la pollution maritime, a enchaîné le haut prélat. Pour que le consommateur puisse participer à cet effort, il doit pouvoir être informé sur la manière dont le poisson a été pêché, et, ainsi, faire un acte d’achat en conscience. Transparence et traçabilité doivent dès lors être des éléments à développer.

La sixième piste proposée par le cardinal Turkson est un appel au nettoyage des plages ou des berges des rivières. Reprenant la réflexion menée par le dicastère dans le document Aqua fons vitae (juin 2020), il a affirmé que l’Église catholique pouvait encourager certaines pratiques, à travers notamment des paroisses proches du littoral, des écoles catholiques ou bien le scoutisme.

Résumant sa pensée dans un dernier point, le cardinal Turskon a souligné que c’est en promouvant des modes de vie responsables reflétant l’enseignement de l’Évangile et des grandes encycliques sociales que ce vaste mouvement de protection du monde marin pourra avancer.

«Ne pas mettre tous les êtres vivants sur le même plan»

En conclusion, il a tenu à adresser au défenseur de l’environnement une «note de vigilance». «Reconnaître la valeur intrinsèque de toutes les créatures n’exige pas ou n’implique pas la reconnaissance de leur égale valeur intrinsèque», a-t-il précisé.

Reprenant l’encyclique Laudato si’, il a insisté sur le fait qu’il ne fallait pas mettre tous les êtres vivants sur le même plan «ni priver les êtres humains de leur valeur unique et de l’énorme responsabilité qu’elle implique». Pour lui, un anthropocentrisme mal avisé pourrait conduire à un autre déséquilibre. (cath.ch/imedia/hl/rz)

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