«Je ressens que les fidèles et les prêtres sont contents d’avoir la possibilité d’assister à des messes», confie Pascal Desthieux à cath.ch. Alors que la deuxième vague de coronavirus frappe la Suisse et le canton de Genève de plein fouet depuis le début de l’automne, cette possibilité était loin d’être acquise. Les autorités civiles, tant au niveau cantonal que fédéral, ont beaucoup tergiversé concernant les rassemblements religieux. Alors qu’une interdiction des célébrations avait été signifiée pendant la première vague, au printemps 2020, la résurgence de la pandémie, en automne, a conduit à des mesures très différenciées suivant la situation des cantons, allant de l’interdiction des célébrations publiques à Genève, à la permission de 5 à 50 personnes dans les autres cantons. Le 28 octobre, le Conseil fédéral avait en effet décidé de fixer à 50, sur un plan national, la limite de personnes pouvant participer à un office religieux.
Alors qu’actuellement, cette limite est conservée, de nombreux lieux, tels que les restaurants, les théâtres et les cinémas restent fermés. Des mesures extrêmement lourdes pour ces secteurs, dont certains jouent leur survie. Une situation qui ne laisse pas l’abbé Desthieux indifférent. «Bien sûr que nous avons une pensée pour toutes les personnes qui souffrent de la crise. Nous souhaitons qu’elles puissent toutes s’en sortir au mieux, qu’elles reçoivent l’aide adéquate et que ces secteurs puissent rouvrir dans les plus brefs délais et dans les meilleures conditions».
Le «privilège» accordé aux Eglises a provoqué certaines critiques. Vincent Baudriller, directeur du Théâtre de Vidy, dans le canton de Vaud, avait affirmé en décembre dans le quotidien 24 Heures «ne pas comprendre» pourquoi les églises étaient autorisées à accueillir 50 personnes, alors que les salles de spectacle devaient rester fermées.
Pour Pascal Desthieux, les «avantages» donnés aux Eglises sont toutefois à relativiser. Il note que la limite de 50 personnes est très restrictive pour certains édifices qui pourraient accueillir beaucoup plus de fidèles, avec des conditions de sécurité sanitaire appropriées. Il rappelle également les contraintes sévères qui touchent les célébrations, telles que l’interdiction de chanter. Le vicaire épiscopal souligne aussi les dispositifs extrêmement rigoureux mis en place dans les lieux de culte de Suisse romande. Il reste d’avis que le nombre de participants aux célébrations devrait être adapté à la taille des lieux où elles se déroulent.
L’abbé rappelle que pour Genève, la reprise des offices religieux a été dictée par une décision juste, le 3 décembre dernier, à la suite de deux recours présentés par des citoyens genevois. Il espère que les autorités se sont également rendu compte de l’importance des besoins spirituels de la population, spécialement dans cette période troublée. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
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