«En 1989, lorsque l’évêque de Sion décide de lancer le triennat de la famille, pas mal de ses prêtres sont dubitatifs, mais lui a cette intuition de l’importance du mariage chrétien et de la famille pour la vie de l’Eglise. Il a fait confiance au jeune diplômé en théologie et à celle qui n’est pas encore son épouse pour lancer le projet de pastorale de la famille. Aux yeux de beaucoup en Eglise, faire confiance de cette manière à un couple de laïcs n’était pas évident. Nous y avons travaillé durant 25 ans, son impulsion de départ a été décisive.» Dans le même esprit, il était aussi dans le coup de la création du Foyer d’étudiants des Creusets à Sion.
«Henri Schwery avait conservé son caractère un peu autoritaire de recteur de collège. Certains craignaient ses remontrances ou son humeur. Il pouvait être impressionnant, mais au fond, il avait gardé son humour et aimait bien un certain esprit de contradiction. Son style un peu bourru cachait une vraie sensibilité. Comme lorsqu’il avait demandé timidement à Marco Mayoraz s’il pouvait participer à la montée vers Pâques des familles au Simplon. «Les petits s’accrochaient à sa soutane et il était tout heureux de les prendre sur ses genoux.»
«J’ai eu la chance de bien connaître l’abbé Henri Schwery, puis l’évêque et le cardinal, aux différentes étapes de sa trajectoire d’homme de Dieu», note l’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie pastorale à l’Université de Fribourg. Henri Schwery été toujours très attentif à la pastorale.
D’abord, comme aumônier de la Schola des petits chanteurs de Notre-Dame de Valère de Sion : il aimait le chant, la beauté de la liturgie. Il savait susciter en nous le sens de la communauté et le goût de Dieu.
Puis, cet homme féru de théologie a enseigné la physique au Lycée-Collège de Sion, avant d’en devenir le recteur. J’ai toujours trouvé magnifique sa manière de concilier science et foi, dans sa réflexion et sa prédication. Il prenait très souvent des exemples scientifiques pour illustrer la pertinence de la Parole de Dieu et la grandeur du Créateur.
C’est lui, comme évêque de Sion, qui a accueilli le saint Pape Jean Paul II dans la capitale valaisanne en 1984 et m’a présenté à lui pour l’ordination sacerdotale. Il était si heureux de pouvoir recevoir le souverain pontife dans la Sion valaisanne !
Je trouve qu’il a été un évêque très pastoral, avec notamment ses Sentiers pastoraux, mettant en œuvre pour le diocèse de Sion les grandes options du concile Vatican II, notamment pour la participation des baptisé-e-s à la vie ecclésiale. Il a aussi rédigé des Sentiers épiscopaux , durant les trois ans du Triennat de la famille : il aimait les familles de son diocèse, de tous ordres et de tous types.
«Je l’ai vu souffrir très profondément du schisme d’Ecône. Il cherchait toujours l’unité et la vérité, poursuit l’abbé Amherdt.
Il m’a fait la grâce de m’appeler comme son proche collaborateur, en tant que vicaire épiscopal. Il appréciait particulièrement les visites pastorales dans les paroisses et les rencontres avec les gens, où son humour faisait merveille. Il utilisait souvent son bâton épiscopal, sa crosse, pour rattraper des confirmands ou des servants de messe, par jeu.
«J’ai eu la joie de vivre son élection cardinalice, et sa passion à s’engager dans les congrégations dont il était membre, dont celle pour le culte des saints. C’était un honneur immense pour le diocèse et pourtant, le cardinal Schwery a toujours su garder une grande humilité», conclut F.X Amherdt.
Henri Schwery était quelqu’un de sociable, collégial, paternel. Mais il se montrait parfois aussi autoritaire et clérical, estime Richard Lehner, vicaire général pour le Haut-Valais. «On dirait aujourd’hui qu’il avait un style de conduite dépassé».
Richard Lehner revient aussi sur sa tâche de président de la Conférence des évêques suisses. Les Romands et les Tessinois ne comprennent souvent pas les Alémaniques, note le vicaire général. Ce qui fait que Mgr Schwery n’était pas d’accord avec de nombreuses déclarations de Saint-Gall, Zurich ou Bâle. Cela n’était pas toujours bien accueilli par ses confrères et il était marginalisé, note-t-il. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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