«Je me joins aux personnes de bonne volonté pour condamner la violence aujourd’hui au Capitole des États-Unis», a déclaré Mgr José Gomez, président de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB). L’archevêque de Los Angeles réagissait aux violences qui se sont produites le 6 janvier 2021, dans le cadre de la confirmation par le Congrès américain de la victoire de Joe Biden aux élections présidentielles.
Après que le président Trump ait réitéré publiquement sa conviction que l’élection avait été «volée», des manifestants se sont introduits dans le bâtiment du Capitole, où le Sénat était en train de tenir sa séance. L’envahissement du bâtiment fédéral pendant plusieurs heures a provoqué l’interruption des débats et la mise en lieu sûr des parlementaires et du personnel. Les manifestants ont été évacués du Capitole après quelques heures. Mais les heurts ont causé la mort de quatre partisans de Donald Trump.
De nombreux représentants de l’Eglise catholique aux Etats-Unis ont exprimé leur indignation face aux actions des manifestants. «Ce n’est pas ce que nous sommes en tant qu’Américains. Je prie pour les membres du Congrès et le personnel du Capitole ainsi que pour la police et tous ceux qui travaillent à rétablir l’ordre et la sécurité publique», a ainsi déclar Mgr Gomez au nom de la Conférence épiscopale.
«La transition pacifique du pouvoir est l’une des caractéristiques de cette grande nation. En ce moment troublé, nous devons renouveler notre engagement envers les valeurs et les principes de notre démocratie et nous rassembler en une seule nation sous l’égide de Dieu», a-t-il poursuivi.
«Chaque Américain doit opposer un rejet total à ces forces haineuses des suprémacistes blancs»
L’archevêque de Washington, le cardinal Wilton Gregory, a affirmé que «Nous devrions nous sentir violés lorsque l’héritage de liberté inscrit dans ce bâtiment est méprisé et profané (…) Ensemble, nous devons nous ménager une pause et prier pour la paix en ce moment critique». L’archevêque récemment créé cardinal par le pape François a clairement pointé la responsabilité de Donald Trump: «Le ton de division qui a récemment tant dominé nos conversations à l’échelon national doit changer. Ceux qui ont recours à une rhétorique incendiaire doivent accepter une part de responsabilité dans l’incitation croissante à la violence dans notre nation».
Pour le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, ce qui s’est passé «devrait choquer la conscience de tout Américain patriote et de tout catholique fidèle (…) Les yeux du monde entier sont horrifiés par cette honte nationale». Dans sa déclaration publiée sur le site du diocèse, le prélat relève que «pendant de nombreux mois, nous avons été témoins de l’érosion des normes de notre système de gouvernement. La protestation pacifique est un droit sacré. Elle a été une composante essentielle de nombreux progrès sociaux au cours de l’histoire de l’humanité. Mais la violence, c’est le contraire. La violence au service du mensonge est ce qu’il y a de pire».
Les prélats de l’Église catholique ukrainienne aux États-Unis ont déclaré de leur côté que «les Américains portent une grande responsabilité pour l’avenir de la démocratie dans le monde (…) Les dirigeants américains, et en premier lieu le président des États-Unis, doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour rétablir la paix et l’État de droit. Il y a beaucoup d’injustice dans notre pays. Il y a beaucoup de colère. Aucune injustice ne sera réparée par la violence».
Mgr Gustavo García-Siller, archevêque de San Antonio (Texas), a exprimé son indignation à travers une série de Tweets, dont le dernier disait simplement: «C’est un jour triste de notre histoire».
Dennis Poust, directeur exécutif de la Conférence catholique de l’Etat de New York, a confié au média américain Crux qu’il déplorait le comportement de Donald Trump, estimant que ce n’est pas ce que la nation attendait d’un président. «Les Américains ont besoin d’une condamnation sans équivoque de la violence perpétrée en son nom ou pour toute autre raison».
Pour le responsable catholique «Il était difficile de croire que les scènes à la télévision provenaient de la capitale à Washington. C’est quelque chose que l’on s’attendrait à voir dans un pays du tiers monde». Il a rappelé que le transfert pacifique du pouvoir était un aspect sacré de la démocratie américaine.
L’organisation Pax Christi Etats-Unis a condamné l’attitude du président sortant, mais également de ses partisans: «Les événements qui se déroulent aujourd’hui au Capitole américain sont le résultat de la démagogie d’un seul homme, le président Trump, et de l’échec de tous ceux – hommes politiques, médias, famille et autres – qui ont excusé, négligé, écarté ou de quelconque autre façon encouragé cette rhétorique haineuse et conflictuelle qui a gouverné le mandat de ce président».
Sœur Simone Campbell, directrice de l’organisation NETWORK (Lobby pour la justice sociale catholique), s’est montrée encore plus sévère: «Ce mouvement maléfique tourne autour des affirmations sans fondement de Donald Trump et considère ses politiques racistes, discriminatoires et injustes comme sa seule divinité», a déclaré Campbell. «Aujourd’hui et pour les années à venir, chaque Américain doit opposer un rejet total à ces forces haineuses des suprémacistes blancs qui cherchent à renverser le résultat d’une élection équitable». (cath.ch/crux/com/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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