Déjà en opposition avec le gouvernement sur la délicate question de l’enseignement catholique, les évêques espagnols n’ont pas hésité à s’opposer frontalement à sa volonté de légaliser l’euthanasie. «La vie est un don, l’euthanasie un échec», affirmait ainsi un document de l’épiscopat appelant à une journée de jeûne et de prière à la veille de l’examen du projet de loi. Las, le Congrès des députés a adopté jeudi 17 décembre en première lecture la loi sur l’euthanasie, à une large majorité.
Malgré ce premier revers, les évêques de la péninsule ne désarment pas. Au lendemain du vote, l’évêque de Valence, le cardinal Antonio Cañizares, a demandé de draper de noir les bâtiments ecclésiastiques de son diocèse en signe de deuil. Les fidèles étaient quant à eux invités à faire de même aux fenêtres de leur domicile. «Encore une fois, disons non à cette loi perverse et inique, non à l’euthanasie, et oui aux soins palliatifs», a exhorté l’évêque dans une lettre pastorale.
Président de la Conférence des évêques d’Espagne et archevêque de Barcelone, le cardinal Juan José Omella est sur la même ligne. Il a ainsi demandé plus de moyens pour les soins palliatifs, afin que «les personnes ne souffrent pas au terme de leur vie». «Si une personne sent qu’il y a des gens qui l’aident, qui l’aiment, cette personne ne veut pas mourir», a également assuré le cardinal de 74 ans.
À Madrid, la réaction n’est pas différente. «La mort provoquée n’est qu’un raccourci facile devant la mort et la souffrance», a ainsi tancé le cardinal Carlos Osoro Sierra, archevêque de la capitale espagnole. «Aimer n’a rien à voir avec tuer» et «la mission de l’homme est de toujours défendre la vie et d’utiliser tous les moyens disponibles pour le faire». L’archevêque a également déclaré craindre qu’avec cette loi, certaines personnes âgées ou vulnérables à charge de leur famille ne se sentent «sous pression» pour demander à être euthanasiées.
«C’est mettre la voracité au service de l’égoïsme face à un héritage qui s’anticipe en toute impunité», a renchéri Mgr Jesús Sanz Montes, archevêque d’Oviedo. «C’est jouer à être un dieu : contrôler la vie avant la naissance et à la fin de son périple.» Cette prise de position lui a d’ailleurs valu d’être critiqué par le PSOE, le principal parti de gauche actuellement au pouvoir. «L’archevêque d’Oviedo ne devrait pas jouer à être Dieu en donnant son avis pour les personnes âgées, les malades et les familles.»
Unanimes, les évêques espagnols s’inscrivent dans la droite ligne de l’enseignement de l’Église catholique en refusant toute légalisation de l’euthanasie. «Supprimer un malade qui demande l’euthanasie ne signifie pas du tout reconnaître son autonomie et la valoriser, mais au contraire, c’est méconnaître la valeur de sa liberté», estimait ainsi en septembre un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi, intitulé Samaritanus bonus. Dans ce même texte, le Vatican appelait d’ailleurs à refuser les derniers sacrements à une personne sur le point de mourir par euthanasie ou suicide assisté.(cath.ch/lcx/xln/cp)
Carole Pirker
Portail catholique suisse
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