Livrant une méditation sur la signification de la crise, face aux divisions actuelles, le pontife a expliqué que l’Eglise doit « entrer dans la crise » mais « ne pas confondre la crise avec le conflit ».
Dans la salle Clémentine du Palais apostolique, au Vatican, le pape François a invité les participants à accepter cette crise comme «un temps de grâce» donné pour «comprendre la volonté de Dieu sur chacun et pour toute l’Eglise».
« Ce Noël est le Noël de la pandémie, de la crise sanitaire, économique, sociale et même ecclésiale »
Comme le veut la tradition, le pontife a exprimé ses vœux devant la Curie romaine dans l’Aula de la Bénédiction, et non pas en salle Paul VI, comme c’est l’usage. Cette année, en raison de la pandémie, seuls les cardinaux et les supérieurs du Saint-Siège étaient présents. « Ce Noël est le Noël de la pandémie, de la crise sanitaire, économique, sociale et même ecclésiale qui a frappé aveuglément le monde entier », a-t-il déclaré.
Le chef de l’Eglise catholique a demandé de « ne pas confondre la crise avec le conflit ». « Lire l’Eglise selon les catégories du conflit – droite et gauche, progressistes et traditionalistes – fragmente, polarise, pervertit et trahit » sa véritable nature, car l’Eglise catholique, affirme-t-il, est « un corps toujours en crise justement parce qu’il est vivant ».
C’est la « perte de sens d’une appartenance commune [qui] favorise le développement ou l’affirmation de certaines attitudes à caractère élitiste et de ›groupes clos’ », a expliqué l’évêque de Rome. La logique de conflit « cherche toujours [des] ›coupables’ à stigmatiser et à mépriser et les ›justes’ à justifier pour introduire la conscience – très souvent magique – que telle ou telle situation ne nous appartient pas », a-t-il déploré.
Le pontife a cependant mis en garde contre le danger « de juger hâtivement l’Eglise sur la base des crises causées par les scandales d’hier et d’aujourd’hui ». « Combien de fois nos analyses ecclésiales ont ressemblé aussi à des récits sans espérance », a-t-il insisté.
Le pape François a d’ailleurs regretté que « les problèmes finissent immédiatement dans les journaux, alors que les signes d’espérance ne font l’actualité que longtemps après ». « Il serait beau que nous cessions de vivre en conflit et que nous recommencions au contraire à nous sentir en chemin », a-t-il exhorté.
Contrairement au conflit, la crise fait partie de ce chemin, a indiqué le primat d’Italie, car elle est « ce tamis qui nettoie le grain de blé après la moisson ». Et d’affirmer que « l’Evangile est le premier à nous mettre en crise », et que dès lors, « celui qui ne regarde pas la crise à la lumière de l’Evangile se contente de faire l’autopsie d’un cadavre ».
Il faut trouver « le courage et l’humilité de dire à haute voix que le temps de la crise est un temps de l’Esprit [saint, ndlr] », a insisté le pontife argentin, car « les choses vont prendre une nouvelle tournure jaillie exclusivement de l’expérience d’une grâce cachée dans l’obscurité ». La crise est aussi l’occasion d’une plus grande synodalité.
Le temps de crise est un temps de réforme, a insisté le 266e pape, qu’il faut cesser de penser « comme une pièce sur un vieux vêtement, ou [comme] la simple rédaction d’une nouvelle Constitution apostolique », mais plutôt comme un « vêtement nouveau ». Il faut donc accepter la crise comme « un temps de grâce » pour mieux « comprendre la volonté de Dieu sur chacun de nous et pour toute l’Eglise », a-t-il expliqué.
« Ici, à la Curie, ceux qui rendent témoignage par leur travail humble, discret, silencieux, loyal, professionnel, honnête, sont nombreux », a affirmé le pape, se montrant beaucoup moins critique à l’encontre de l’administration centrale de l’Eglise catholique que lors de ses précédentes adresses. Il a les a chaleureusement remerciés pour leur travail, mais a cependant une nouvelle fois mis en garde contre « le bavardage, le commérage ».
Le pontife a offert deux livres à la Curie pour Noël. Le premier est une Vie de Charles de Foucauld, que le pape doit prochainement canoniser. Le second s’intitule Holotropie. Les verbes de la familiarité chrétienne. L’humain révélé dans un temps qui change, et a été écrit par le Père Gabriele Maria Corini, un bibliste italien. (cath.ch/imedia/cd/be)
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