Le pape François se rend en Irak du 5 au 8 mars 2021

Attendu depuis des années par les chrétiens d’Irak, le pape François se rendra du 5 au 8 mars 2021 à Bagdad, dans la plaine d’Ur «liée à la mémoire d’Abraham», dans la ville d’Erbil, au Kurdistan irakien, à Mossoul et à Qaraqosh, dans la plaine de Ninive.

Ce sera le premier voyage du pape depuis novembre 2019, les visites apostoliques ayant été interrompues par l’éclatement de la pandémie de COVID-19.

«Acceptant l’invitation de la République d’Irak et de l’Eglise catholique locale», le pape se rendra dans ce pays en mars prochain, a annoncé Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le 7 décembre 2021.

C’est la première fois qu’un pontife se rend en Irak. Le 11 septembre 2020, le pape François avait déclaré à l’ambassadeur d’Irak près le Saint-Siège, qui le conviait dans son pays, être «impatient» de s’y rendre et qu’il souhaitait «accepter l’invitation dès que possible».

«La venue du pape en Irak est une bénédiction»  

«La venue du pape en Irak est une bénédiction» a confié à I.MEDIA Mgr Petros Mouché, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, suite à l’officialisation du Saint-Siège d’un voyage de quatre jours du pape en Irak en mars 2021. Le pape François se rendra notamment dans la ville chrétienne de Qaraqosh, occupée d’août 2014 à fin 2016 par les terroristes de Daech, l’organisation Etat islamique.

Mgr Petros Mouché, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh | © Jacques Berset

Les djihadistes ont systématiquement saccagé les villages chrétiens de la Plaine de Ninive et détruit les églises et couvents de la ville de Mossoul, qu’ils avaient prise en juin 2014. La reconquête de la ville par les forces armées irakiennes en 2017, après combats et bombardements qui l’ont partiellement détruite, a réduit la vieille ville et ses nombreuses églises à un tas de ruines. Seules quelques dizaines de familles chrétiennes ont décidé de retourner vivre à Mossoul, alors que la ville du nord de l’Irak comptait encore des dizaines de milliers de chrétiens avant l’invasion américaine de mars 2003, qui a précipité leur déclin.

Les chrétiens chassés par Daech

Cela faisait plusieurs mois qu’un projet de voyage du pape en Irak était en gestation. Pour des raisons de sécurité puis à cause de la crise sanitaire, il avait été ajourné. «La venue du pape est une grande joie et une grande bénédiction pour nous tous» a confié Mgr Mouché, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, à I.MEDIA. «C’est un honneur de le voir venir à nous», a-t-il poursuivi, rappelant que le peuple de la Plaine de Ninive avait été très blessé ces dernières années, avec l’agression de Daech.

Dans la nuit du 6 au 7 août 2014, les hommes de Daech avaient envahi la ville chrétienne de Qaraqosh dans laquelle vivaient environ 50’000 chrétiens. Tous avaient fui dans la précipitation vers l’est et la ville d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour trouver refuge dans des camps de fortune. Beaucoup avaient ensuite quitté l’Irak.

Mossoul Les églises de la vieille-ville ont été détruites par les bombardements des forces alliées | © Jacques Berset

Pas de problèmes de sécurité à Qaraqosh

«Je ne sais pas si la venue du pape fera revenir les chrétiens partis. C’est possible. Elle montre déjà à tout le monde que le pays est désormais plus stable, qu’il est capable d’accueillir le pape», souligne Mgr Mouché. Pour les chrétiens encore présents en Irak – ils ne seraient plus que 150’000, soit le dixième de ce qu’ils étaient dans les années 1990, avant la 1ère «guerre du Golfe» -, «ce voyage est un encouragement à rester. Et puis cela démontre que le Saint Père nous porte dans son cœur», se félicite-t-il.

Sur les conditions de sécurité, l’archevêque de Mossoul et de Qaraqosh confie «qu’ici, grâce à Dieu, ce voyage ne pose pas de problèmes. Nous sommes bien». Il raconte qu’il y a quelques semaines, un petit groupe du Vatican est venu repérer les lieux. Si le programme du pape dans la Plaine de Ninive n’est pas encore précisé, Mgr Mouché confirme que le pontife argentin se rendra bien à Mossoul et à Qaraqosh.

Une «résurrection» pour les chrétiens d’Irak

Dans la ville chrétienne en reconstruction, le pape François ne devrait toutefois pas avoir le temps d’y célébrer une messe. «Peut-être une prière ou bien l’Angélus», évoque l’archevêque dont la cathédrale syriaque catholique Al Tahira avait été saccagée par les soldats de l’Etat islamique. La cour de l’édifice avait même servi de stand de tirs.

Partout dans les villages chrétiens de la Plaine de Ninive, en Irak, les terroristes de Daech ont mutilé les images du Christ | © Jacques Berset

La venue de l’évêque de Rome dans cette ville martyre aura donc des airs de «résurrection», s’enthousiasme Mgr Mouché.

Le courage de vivre comme des Irakiens

Alors que les chrétiens irakiens n’étaient pas encore au courant de l’annonce officielle par le Saint-Siège de ce voyage historique, I.MEDIA a pu contacter Abraham Lallo, chrétien irakien qui a été le directeur-adjoint d’un camp de déplacés de chrétiens à Erbil. Apprenant la nouvelle, il a pu confier sa joie d’un tel événement «pour tous les Irakiens». Il s’agit selon lui d’un «signe envoyé pour continuer de pouvoir vivre en Irak».

Du point de vue de ce laïc très investi dans l’Eglise de la Plaine de Ninive, c’est aussi une bonne nouvelle pour les musulmans du pays, «un signe pour continuer de pouvoir vivre ensemble en Irak comme par le passé». Rappelant qu’autrefois, «musulmans, chrétiens, yézidis ou encore juifs» résidaient dans la même ville de Mossoul, il espère de tout cœur que ce voyage donnera du «courage à chacun pour vivre comme Irakien».

Abraham, figure commune du judaïsme, du christianisme et de l’islam

L’évêque de Rome se rendra dans la capitale Bagdad dans la plaine d’Ur, une destination «liée à la mémoire d’Abraham», figure commune du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Il ira ensuite au nord du pays dans une région fortement touchée par les conflits récents, la Plaine de Ninive, autre lieu biblique qui a été occupé par Daech de 2014 à 2016. Il y visitera notamment les villes d’Erbil, de Mossoul et de Qaraqosh.

Traces de l’occupation par Daech des villages chrétiens de la Plaine de Ninive | © Jacques Berset

Ce voyage sera aussi le premier effectué par le pontife argentin depuis celui au Japon et en Thaïlande en novembre 2019. Il avait annulé tout déplacement sine die dès le début de la crise sanitaire, reportant plusieurs événements dont les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Lisbonne, prévues en 2022 à l’origine mais déplacées à 2023.

Un voyage en Irak avait déjà été envisagé par le pape en 2020, depuis que le gouvernement irakien l’avait convié en juin 2019. «Le programme du voyage sera connu en temps utile et prendra en compte l’évolution de l’urgence sanitaire mondiale», a par ailleurs souligné Matteo Bruni. (cath.ch/imedia/be)

I.MEDIA

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