Noël au temps du coronavirus: «Je recommande les fêtes en plein air»

Tages Anzeiger, traduction et adaptation Carole Pirker

Comment célébrer Noël dans ces conditions difficiles? L’épidémiologiste Marcel Tanner, du groupe de travail fédéral Covid-19, recommande de la fêter en plein air, de ne pas chanter ensemble, de prioriser les invitations en petits nombres et de ne pas mélanger les cercles d’invités.

Pour Marcel Tanner, interrogé le 7 décembre 2020 par le quotidien zurichois Tages Anzeiger, la préparation des vacances de Noël commence par une attitude positive: «Il faut s’intéresser en premier lieu non à ce que nous ne pouvons pas faire, mais à ce qui est possible», déclare le scientifique de la santé et ancien directeur de l’Institut tropical suisse. Cet homme de 68 ans dispose d’une grande expérience de la lutte contre les épidémies, notamment le choléra et le virus Ebola, et fait partie du groupe de travail fédéral du Covid-19. Il nous fait part de ses impressions personnelles sur la façon de profiter des vacances et des fêtes de Noël malgré l’épidémie.

L’épidémiologiste Marcel Tanner | © Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0

Quand et comment faire savoir à mes proches que je veux être attentif au Covid durant cette période?
Il est possible selon Marcel Tanner de préciser la chose avant, en disant par exemple: «Nous voulons fêter Noël ensemble, même si cela ne peut pas se faire comme d’habitude». Mais il y a un grand «mais»: on ne sait pas encore quelles règles s’appliqueront à Noël, combien de personnes de combien de ménages peuvent se réunir dans un cadre privé: «Il est crucial d’attendre les règlements officiels de la Confédération et des cantons avant de faire des plans concrets pour les vacances et les fêtes», explique Marcel Tanner. C’est difficile, mais se lamenter serait une erreur, estime le scientifique de la santé : «Au lieu d’une grande fiesta, cette période offre la possibilité de cultiver des contacts individuels plus approfondis.»

Qui doit être mis en pré-quarantaine?
«Je ne peux pas recommander la pré-quarantaine», explique Marcel Tanner face aux gens qui ont l’intention de s’isoler pendant deux semaines pour rencontrer des membres âgés de sa famille. Il n’est pas conseillé de se sentir seul, surtout avant Noël. Il est plus conseillé de prendre soin de soi, de bien manger et de sortir dans la nature et au soleil aussi souvent que possible. «Cela donne une énergie positive et renforce le système immunitaire, une précaution de base contre les infections», explique le scientifique.

Il est important de limiter les contacts à ceux qui sont vraiment importants et de ne pas mélanger son cercle d’amis

Comment réduire le risque de corona sans quarantaine?
Il est important de toujours respecter les mesures d’hygiène et de distance de base, de faire preuve de prudence, de limiter les contacts à ceux qui sont vraiment importants et de ne pas mélanger son cercle d’amis. «Les achats de Noël suivis d’un dîner de l’Avent avec un groupe d’amis ne sont pas possibles cette année», déclare Marcel Tanner. «Il est préférable de faire deux ou trois invitations dans un petit cercle pour célébrer les jours de l’Avent». 

Un test Corona avant les vacances est-il indiqué?
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande à toute personne souffrant des symptômes du Covid-19 tels que la toux, le mal de gorge, la fièvre ou la perte de goût de se faire tester. D’un point de vue épidémiologique, un test rapide pourrait être utile dans des situations particulières avant tout contact avec des personnes à risque, comme avant une visite dans une maison de retraite, explique le spécialiste. 

S’abstenir de fréquenter un office religieux n’est pas nécessaire

La fréquentation des églises est-elle justifiable?
Cela dépend des réglementations fédérales et cantonales. Si des services religieux ont lieu à Noël, pour lesquels un concept de protection et un renoncement au chant sont nécessaires, s’abstenir de fréquenter un office religieux n’est pas nécessaire, selon Marcel Tanner. Il est donc préférable d’obtenir rapidement des informations auprès des paroisses sur l’organisation des manifestations et leurs conditions.

Le chant est-il autorisé?
«C’est clair, nous devrons nous passer de chanter ensemble cette année», dit Marcel Tanner, bien que le Conseil fédéral ait décidé que le chant n’est interdit qu’en dehors du cercle familial et de l’école obligatoire. Lorsqu’elle chante et parle à haute voix, une personne contagieuse projette trop de gouttelettes et d’aérosols contenant des virus dans l’air, ce qui rend la transmission beaucoup plus probable. L’OFSP recommande plutôt de faire jouer de la musique de Noël sur haut-parleurs. 

Comment traiter avec les proches qui font partie des sceptiques face au Covid-19?
Il s’agit de s’adapter aux différents types de sceptiques, explique Marcel Tanner: «Pour ceux qui voient dans la pandémie une énorme conspiration, la meilleure chose à dire est que vous préférez à nouveau fêter ensemble lorsque la crise sera terminée». Il en va de même pour ceux qui doutent de la validité des tests PCR, par exemple: «Les gens ne devraient pas être encore plus en conflit à Noël, ils devraient plutôt avoir un aperçu d’une nouvelle année qui sera meilleure». Aux personnes qui doutent de l’utilité des masques d’hygiène, il recommande par ailleurs de leur dire «qu’elles peuvent se passer de masque en privé, si elles gardent leurs distances.»

Quelle peut être la taille d’un groupe d’invités?
La taille du groupe n’est pas le seul facteur décisif. Les réunions privées de dix personnes au maximum sont actuellement autorisées. Mais: «Avec dix personnes issues de dix ménages différents, le risque d’infection est plus grand qu’avec dix personnes issues de seulement deux familles», explique Marcel Tanner. Ceux qui associent et mélangent fortement leurs groupes de référence augmentent la probabilité d’infection.Une approche prudente s’impose, par exemple, deux à trois invitations avec seulement un ou deux autres ménages. Le Conseil fédéral recommande désormais qu’au maximum deux ménages se réunissent en même temps.

Les personnes âgées ne devraient pas se sentir seules à Noël. Il convient plutôt de les protéger pendant les réunions, en gardant ses distances.

Est-il préférable de faire la fête sans la grand-mère ou d’autres personnes issues de groupes à risque?
Non. Le groupe à risque comprend principalement les personnes âgées souffrant de graves affections préexistantes. Mais elles ne devraient pas se sentir seules à Noël, dit Marcel Tanner. Il convient plutôt de les protéger pendant les réunions, en gardant ses distances et en veillant, par exemple, à ce que les petits-enfants ne s’assoient plus sur leurs genoux.

Comment les précautions peuvent-elles être conçues pour que les enfants y prêtent attention?
Il est important de disposer de règles claires: les grands-parents sont autorisés à voir leurs enfants, mais ils ne doivent pas passer toute la journée ensemble et ne doivent pas s’approcher trop longtemps. «Les enfants comprennent très bien les précautions à prendre si elles leur sont bien expliquées. Je vois cela avec mes propres petits-enfants, qui ont entre 1 et 12 ans».

Pour qui une fête en plein air est-elle recommandée?
«C’est une recommandation que je donne à tout le monde», dit Marcel Tanner. «Une fête dans la forêt ou dans un parc est une expérience pour toute la famille». Le risque d’infection est le plus faible en plein air, et il existe partout de nombreux abris forestiers, aires de pique-nique et parcs qui se prêtent à une réunion de famille. Une connaissance, par exemple, fait la fête avec son père, qui a plus de 80 ans, avec la famille et les petits-enfants assis dans le jardin devant la maison et le père âgé sur le balcon. Des activités créatives sont également possibles, comme par exemple faire de la musique dans les cours des grands lotissements.

Il est important de s’asseoir à de grandes tables qui vous permettent de garder vos distances.

Selon vous, quelles sont les règles autorisant malgré tout de fêter Noël à l’intérieur?
Une aération régulière réduit le risque d’infection. Cela signifie: ouvrir la fenêtre toutes les 20 minutes et laisser passer les courants d’air – une petite fenêtre inclinée ne suffit pas, dit Marcel Tanner. Il est tout aussi important de s’asseoir à de grandes tables qui vous permettent de garder vos distances. Le port d’un masque d’hygiène à la maison n’est selon Marcel Tanner pas une priorité. Ils sont toutefois toujours recommandés lorsque la distance ne peut être maintenue. Mais il est préférable de garder ses distances, de se laver les mains régulièrement et de ne pas se toucher le visage. (cath.ch/ta/ff/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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