Le ministère public et la police cantonale tessinois ont confirmé l’ouverture d’une procédure contre un prêtre de nationalité suisse âgé de 80 ans vivant à Lugano. L’enquête en cours doit examiner les circonstances de «la présence, dans un appartement occupé par le prêtre, d’une ressortissante étrangère de 48 ans, retrouvée sans permis de séjour légal», affirme le communiqué du ministère public.
Les accusations contre le clerc touchent la séquestration de personne, la coercition et les lésions simples par négligence. L’enquête est coordonnée par la procureure cantonale Pamela Pedretti. Le prêtre est en détention depuis le 21 novembre à la prison cantonale de la Farera, à Lugano. Il appartiendra au juge de poursuivre la détention, après les interrogatoires d’usage et l’analyse, en cours, du matériel saisi au domicile du prêtre, dont un ordinateur.
Selon le quotidien Corriere del Ticino (CdT) du 23 novembre 2020, la victime présumée vivait depuis des années dans le logement du prêtre à quelques pas de la cathédrale de Lugano, sans permis de séjour.
Le religieux aurait connu la femme, de nationalité finlandaise, il y a 12 ans, à l’occasion d’un cours de théologie online. Arrivée au Tessin quelque temps plus tard, la jeune femme serait devenue progressivement une sorte de dame de cure. Le prêtre l’aurait présentée à son entourage comme une membre de sa famille, une cousine fragile ayant besoin d’aide et de protection. L’entourage du prêtre aurait été depuis des années au courant de la situation.
À Lugano, plusieurs estiment qu’il s’agit plutôt d’un acte de maladresse du prêtre que d’un crime de ce dernier.
Selon le quotidien tessinois, les enquêteurs ont été alertés de la présence de la femme par l’entreprise de maintenance du système électrique de la maison. Sur place, la police a constaté que la femme vivait dans des conditions d’hygiène précaires. Après l’intervention, elle a été emmenée dans une structure protégée.
La nouvelle a provoqué une vive stupeur au Tessin. Selon la presse tessinoise, il règne dans le canton une impression d’incrédulité. Les personnes contactées par le CdT estiment qu’il s’agit plutôt d’un acte de maladresse du prêtre que d’un crime de ce dernier. Des membres du clergé locale semblaient en effet être au courant de la présence de la Finlandaise. Selon l’hebdomadaire tessinois Il Caffé, une action des responsables du diocèse était depuis longtemps attendue pour résoudre la situation.
Le prêtre – qui bénéficie bien sûr de la présomption d’innocence – est une personnalité ecclésiale et publique très connue en Suisse italienne. En rapport aux responsabilités qu’il a occupées au sein de l’évêché, ainsi que de la Faculté de théologie de Lugano. Brillant théologien, il a notamment contribué au dialogue interreligieux.
Dans un bref communiqué de presse, l’évêché de Lugano se limite à confirmer l’ouverture d’une procédure pénale. Il assure de sa «coopération totale avec les enquêteurs», en précisant qu’aucun mineur n’était impliqué dans l’affaire et qu’aucune information supplémentaire ne sera donnée pour l’instant. (cath.ch/catt.ch/cdt/dp)
Davide Pesenti
Portail catholique suisse
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