Après trois jours de conférences et de tables rondes virtuelles, le Congrès «The Economy of Francesco» a été clôt par un message vidéo du pape François adressé aux jeunes. Le pontife s’est d’abord réjoui du taux de participation à cet événement, qui est allé bien au-delà de ses espérances. Cette rencontre virtuelle à Assise n’est pas «un point d’arrivée mais l’impulsion initiale d’un processus», a-t-il déclaré. Elle doit être vécue à la manière d’une vocation, d’une culture, d’un véritable pacte.
Louant la culture du dialogue, au cœur de ce Congrès, le pape a dénoncé dans le même temps toutes les formes de critiques, infructueuses selon lui. «Comme c’est difficile de progresser vers des solutions réelles quand on discrédite, calomnie et décontextualise l’interlocuteur qui ne pense pas comme nous!, a-t-il considéré. N’oublions jamais que ›le tout est plus que la partie’».
Afin que le message de «The Economy of Francesco» ne soit pas «qu’un «bruit» superficiel et passager qu’on peut endormir et anesthésier avec le temps», le pape a invité les jeunes à l’action. «Vous êtes appelés à avoir concrètement de l’influence dans le travail (…), dans les entreprises et dans les mouvements, dans les services publics et privés, avec intelligence, engagement et conviction, pour arriver au centre et au cœur où s’élaborent et se décident les thèmes et les paradigmes», a-t-il demandé.
«Soit vous êtes impliqués, soit l’Histoire vous passera par-dessus», a mis en garde le pape. La perspective du développement humain intégral est une bonne nouvelle qu’il faut prophétiser et réaliser parce qu’elle nous propose de nous retrouver comme humanité sur la base du meilleur de nous-mêmes, a-t-il rappelé. Ce concept n’a donc rien d’une série de rêves.
À ce titre, le successeur de Pierre a exhorté les jeunes à oser favoriser des modèles de développement dans lesquels les personnes vulnérables sont considérées comme des protagonistes de leur vie ainsi que du tissu social tout entier. La présence des plus pauvres n’est pas fonctionnelle, a-t-il dénoncé. Au lieu de penser pour eux, comme l’ont fait certains mouvements élitistes, tels celui des Lumières, il s’agit de penser avec eux, a-t-il pressé.
Pour le pape, les jeunes doivent reconnaître l’urgence et la beauté du défi qui se présente à eux. Cela suppose de rejeter les modèles économiques qui concentrent leur intérêt immédiat et de faire dialoguer politique et économie au service de la vie. Un tel changement est nécessaire sans quoi «nous resterons prisonniers d’une circularité aliénante qui perpétue seulement des dynamiques de dégradation».
Par ailleurs, l’évêque de Rome a relevé que les modèles philanthropiques, bien que nécessaires, ne sont pas toujours capables d’affronter structurellement les déséquilibres actuels. «Les pauvres ont la dignité suffisante pour s’asseoir à nos rencontres, participer à nos discussions et ramener le pain dans leurs maisons», a-t-il ajouté en invitant à sortir d’une logique d’assistanat.
Le pape a également souhaité l’avènement d’une nouvelle culture, le monde souffrant selon lui d’une fragmentation d’analyses et des diagnostics. Celle-ci doit être capable de «stimuler l’ouverture de visions différentes, empreintes d’un type de pensée, de politique, de programmes éducatifs, et même de spiritualité à l’opposé de la culture dominante.
Les dirigeants, a encore souhaité le pape, doivent être quant à eux capables de lancer des processus et de ne pas rester prisonniers d’eux-mêmes et de leurs insatisfactions. À ceux qui auront la possibilité d’agir dans les milieux macro-économiques, le pape a recommandé la prudence et la préparation. «Les systèmes de crédits à eux seuls sont une voie pour la pauvreté et la dépendance», a-t-il ajouté en demandant la mise en place d’un modèle de solidarité internationale qui reconnaisse l’interdépendance entre les nations.
Pour se mettre en marche, les entrepreneurs et économistes devront encore se salir les mains et éviter les raccourcis, a pressé le pape. «N’ayez pas peur de vous impliquer et de toucher l’âme des cités avec le regard de Jésus, d’habiter courageusement les conflits et les carrefours de l’Histoire pour les oindre avec le parfum des Béatitudes», a-t-il conclu. « N’ayez pas peur, parce que personne ne se sauve tout seul». (cath.ch/imedia/cg/bh)
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