A Genève, Eric Bertinat est la cheville ouvrière d’un recours à l’adresse de la Cour de justice, pour demander la suspension immédiate de l’arrêté émis le 1er novembre 2020 par le Conseil d’Etat. Celui-ci limite les manifestations publiques à cinq personnes, excluant de facto les célébrations religieuses. «Pour moi, cet arrêté viole le principe de la liberté de culte inscrite dans la Constitution, aussi bien fédérale que cantonale, lance le député de l’Union démocratique du centre (UDC). Il me semble qu’on piétine là allègrement un droit fondamental».
La démarche est toujours en cours. Eric Bertinat n’attend pas de réponse dans le court terme, estimant que les personnes en charge vont probablement «prendre leur temps».
Mais le Genevois proche des milieux traditionalistes s’engage également pour «sauver Noël». Il a ainsi lancé une pétition en ligne à l’adresse des autorités des cantons de Genève,Vaud et du Valais, afin qu’ils «prennent les mesures nécessaires pour que les célébrations de la Nativité aient lieu».
«Les chrétiens ont déjà été privés de Pâques, je pense que leur enlever la célébration de la naissance du Christ serait vraiment dommageable», explique-t-il. Le texte de la pétition rappelle ainsi que, dans la religion catholique, «la pratique dominicale n’est pas une option mais une obligation».
Si le député municipal admet le bien-fondé des dispositifs de sécurité, il conteste toutefois que les églises soient des lieux à risque. «On n’a repéré aucun foyer d’infection dans des églises en Suisse romande. Dans la plupart des édifices, il y a bien assez de place pour que des célébrations puissent avoir lieu avec les distanciations de rigueur». Il estime que «des solutions pourraient être trouvées» si l’on se donnait la peine d’en chercher. Il regrette surtout «le manque d’intérêt» du gouvernement pour les affaires religieuses. «On sent que les chrétiens sont mis de côté».
La pétition comptait au 16 novembre 2020 plus de 400 signatures, quelques jours après sa mise en ligne. Un chiffre étonnant pour le politicien, qui n’en espérait que 200.
Eric Bertinat se définit «avant tout comme catholique romain, mais attaché à l’ancien rite». Il est proche de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) et de celle de Saint-Pierre, ainsi que des monastères bénédictins du Barroux (Vaucluse), ou celui de Bellaigue (Puy-de-Dôme). En France et en Suisse, les milieux catholiques conservateurs sont spécialement mobilisés contre les restrictions imposées dans le cadre de la lutte anti-pandémie.
Dans l’Hexagone, un recours lancé par des évêques contre la décision d’interdiction des cultes dans le pays en raison de la pandémie a été débouté par le Conseil d’Etat le 7 novembre.
Eric Bertinat n’a pas beaucoup d’espoir que ses démarches débouchent sur des résultats concrets. Par son engagement, il veut avant tout rappeler aux décideurs politiques que les croyants existent et que la spiritualité n’est pas un secteur négligeable de la société. (cath.ch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse