Alberto Lepori a eu une brillante carrière politique. Il a été notamment député au Grand Conseil tessinois et conseiller d’État, sous l’étendard du Parti démocrate chrétien (PDC), rappelle Alberto Bondolfi sur catt.ch. Parallèlement il a été très actif dans l’Eglise aussi bien au niveau diocésain que Suisse. Cet engagement s’est surtout manifesté dans deux domaines: le traitement des problèmes liés aux relations entre les Églises, les communautés religieuses et l’État, et l’élaboration d’une réflexion éthico-sociale au service de l’Eglise. Un dernier travail qu’il a surtout concrétisé au sein de la Commission Justice et Paix. Cet organe de la Conférence des évêques suisses, qui se concentre sur les problèmes liés aux domaines politique et économique du pays, prend position sur les questions d’actualité.
En représentant le Tessin pendant plusieurs années à Berne, le Juriste de Massagno a mené de longues batailles d’arguments sur des thèmes tels que la fonction publique, les exportations d’armes, les droits des travailleurs étrangers et bien d’autres questions de la vie sociale et politique du pays, affirme Alberto Bondolfi.
Il rappelle qu’Alberto Lepori a toujours courageusement défendu des positions de Justice et Paix pas toujours bien accueillies dans l’opinion publique. «Une initiative particulière, proposée et mise en œuvre par Justice et Paix au niveau européen, m’a donné l’occasion d’approcher Alberto Lepori de façon tout à fait originale, raconte Alberto Bondolfi. La conférence européenne Justice et Paix, mandatée par les conférences épiscopales d’Europe, a constitué dans les années 1980 un comité d’experts en droits de l’homme qui devait être envoyé au Chili pour examiner la situation dans ce pays. Il devait éventuellement intervenir en faveur des personnes persécutées en raison de leur engagement en faveur des droits fondamentaux».
Les deux Tessinois se sont ainsi retrouvés deux fois dans ce pays d’Amérique du Sud, d’abord dans une situation de dictature militaire et ensuite dans une période de lente transition vers la démocratie. «Alberto Lepori a été pour moi, dans le contexte de cette expérience chilienne, un exemple de courage politique et ecclésial, assure le professeur d’éthique. J’ai constaté son courage politique lors de rencontres avec les autorités chiliennes, qui s’efforçaient de répondre aux questions précises et insistantes du juriste tessinois. Le courage ecclésial s’est surtout manifesté dans la confrontation avec le nonce sur le problème clé de la peine de mort».
Le dictateur Augusto Pinochet avait l’intention d’appliquer la peine capitale contre 17 «terroristes» impliqués dans des actions militaires contre le pouvoir de la junte. «La plupart des diplomates européens que nous avons contactés (dont l’ambassadeur suisse) ont fait pression sur le gouvernement chilien pour qu’il n’applique pas cette sentence. La nonciature, en revanche, a brillé par sa passivité. Alberto Lepori a cependant confronté le prélat de manière directe…..» Alberto Bondolfi se réjouit ainsi que, malgré que de nombreuses années aient passé, «les convictions demeurent». «Tous mes vœux, cher Alberto: nous avons encore beaucoup à apprendre de toi et de ton engagement», conclut le théologien tessinois. (cath.ch/catt/ab/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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