Sur les réseaux sociaux, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a reconnu son travail exemplaire en faveur des plus pauvres et l’a qualifié de «chrétien authentique».
Partisan de la théologie de la libération, Mgr Lona Reyes appartenait au courant ecclésial dont faisait également partie Mgr Samuel Ruiz García l’évêque de San Cristóbal de las Casas, au Chiapas, également décédé, qui avait choisi l'»option préférentielle pour les pauvres» chère au pape François. Il avait a survécu à 11 attentats dans son combat pour les droits des indigènes du sud du Mexique, mais a perdu la bataille contre la maladie.
Mgr Lona Reyes, qui fut évêque de Tehuantepec d’août 1971 à novembre 2000, s’est engagé durant un demi-siècle pour les peuples indigènes, ce qui lui valut la haine des secteurs conservateurs de la société mexicaine et l’hostilité d’une partie de l’Eglise mexicaine.
Ainsi, en 1998, sous la pression du gouvernement d’alors, Mgr Justo Mullor Garcia, nonce apostolique au Mexique, demandait à «l’évêque des pauvres» de signer sa propre démission, ce qu’il avait refusé «pour ne pas trahir mon peuple, les prêtres et les religieuses, les femmes, les hommes, les jeunes et les enfants» de son diocèse.
Devant la levée de boucliers – manifestations et veillées de prière – ainsi qu’une grève de la faim organisée par les fidèles et prêtres du diocèse de de Tehuantepec – le nonce s’était vu dans l’obligation de faire marche arrière.
Ces pressions étatiques sur l’Eglise n’étaient pas nouvelles: Girolamo Prigione, le prédécesseur du nonce Justo Mullor Garcia, avait, en 1986 déjà, demandé la démission de Mgr Lona Reyes, comme il avait exigé en vain, moins de 10 ans plus tard, le retrait de Mgr Samuel Ruiz, évêque de San Cristobal de las Casas, en raison de son engagement en faveur des pauvres et des «Indios» du Chiapas. Mgr Prigione, proche de l’ex-président Carlos Salinas, avait dû, lui aussi, faire marche arrière devant le tollé suscité par cette démarche politique.
En tant qu’évêque, Mgr Lona Reyes avait fondé des coopératives de bus, de producteurs de café, créé des écoles, promu des ateliers textiles, et géré la construction des routes et de ponts dans des régions indigènes délaissées par les autorités. Il a été reconnu pour sa défense des droits de l’homme et reçut en 2008 le 16ème Prix national des droits de l’homme «Don Sergio Méndez Arceo». (cath.ch/be)
Jacques Berset
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