Corruption au Vatican: beaucoup de choses «vont changer très bientôt»

«J’ai dû changer beaucoup de choses et beaucoup vont changer très bientôt», a déclaré le pape François le 27 octobre 2020 à l’agence italienne AdnKronos dans un entretien, publié le 30 octobre. Le texte porte notamment sur la façon dont le pontife lutte contre la corruption dans l’Église catholique. Face à ce «mal ancien», «il faut faire des petits pas, mais des pas concrets», insiste-t-il.

La corruption est un «mal ancien qui s’est transmis et transformé au fil des siècles» que tous les papes ont essayé d’éradiquer, affirme le pape François. Dans un entretien avec AdnKronos, il reconnaît qu’il s’agit d’une «histoire cyclique» qui se répète. L’Église est, selon lui une «casta meretrix» – une chaste prostituée, selon l’expression latine employée par saint Ambroise. Elle se compose en effet d’une majorité qui «poursuit le bon chemin». Mais, regrette-t-il, d’autres dissipent le patrimoine «non pas du Vatican, mais des fidèles».

Des petits pas, mais concrets

Le successeur de Pierre défend son modus operandi pour lutter contre la corruption: «Il faut faire des petits pas, mais des pas concrets». «Nous avons commencé par une réunion il y a cinq ans sur la manière de mettre à jour le système judiciaire, puis avec les premières enquêtes, j’ai dû supprimer des postes et des résistances, nous sommes allés creuser les finances, nous avons de nouveaux dirigeants à l’IOR [Institut des œuvres de religion, la banque privée du vatican, NDLR]», liste le pape François. Il conclut et avertit: «J’ai dû changer beaucoup de choses et beaucoup vont changer très bientôt».

Le pontife se dit conscient de la mauvaise image que donne la Maison du Seigneur au peuple de Dieu, aux «pauvres parmi les plus pauvres du monde», quand elle est «traversée par des blessures profondes, des luttes internes et des détournements de fonds». Il tempère et déclare que la situation n’est pas pour autant hors de contrôle. «C’est manifestement une exagération», explique-t-il, à ceux qui le penseraient.

En héritier de Benoît XVI

Le primat d’Italie souligne par ailleurs combien cette mission de nettoyage de la Curie et de l’Église catholique dans son ensemble lui a été confiée non seulement par le collège cardinalice mais aussi par Benoît XVI. En 2013, juste après son élection, le pape François indique avoir reçu de son prédécesseur «un grand carton». Il lui avait alors déclaré: «Tout est là, il y a les cas les plus difficiles, je suis arrivé jusqu’ici, je suis intervenu dans telle situation, j’ai chassé ces gens et maintenant… c’est votre tour». «J’ai continué son travail», explique le 266e pape.

En plus de cet héritage, le pontife est guidé par une sagesse toute argentine, citant d’abord sa grand-mère, qui lui avait enseigné que «le diable entre par les poches». Il rapporte par ailleurs une lointaine anecdote qui indique qu’il est bien conscient des inimitiés dangereuses que son action peut engendrer. A Buenos Aires, une vieille dame lui avait affirmé que s’il devenait pape, il aurait grand intérêt à amener un chien au Vatican avec lui, pour lui faire goûter la nourriture qu’on lui servirait. Elle sous-entendait qu’on irait volontiers jusqu’à l’assassiner. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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