«Nous sommes tous touchés dans l’Église et la société», lance Bruno-Marie Duffé. «Ce type d’acte est de l’ordre du suicide, ces individus sont perdus». Ceux-ci expriment selon lui «une haine et un désespoir qu’ils ne maîtrisent pas et de ce fait ne sont alors plus capables de mesurer la valeur d’une vie». Une vie devient dès lors «négligeable et méprisée au bénéfice d’une cause: je vois là une expression de folie».
Mais «on ne peut pas séparer ces actes [terroristes] de la dérive violente de notre monde contemporain», estime-t-il par ailleurs. «Les effets induits de l’injustice et de l’inégalité produisent des réactions violentes (…) Nous ne nous parlons plus, les responsables politiques sont dans l’impasse», martèle le prêtre.
«Le défi de la fraternité» exprimé par l’encyclique du pape François Fratelli tutti «se dresse plus que jamais devant nous». Il s’agit pour ce proche conseiller du pontife «de construire une fraternité basée sur un respect et une considération mutuelle (…) S’ils sont capables de tuer, c’est que nous avons manqué de fraternité dans les décennies passées», déplore-t-il. Il n’est donc plus question désormais de «formuler un vœu pieux de fraternité mais d’exprimer une réelle urgence à la fraternité».
Dans le même temps, il est essentiel de «mesurer ce que nous écrivons et dessinons en réfléchissant aux effets sur des structures psychiques fragiles, affaiblies par la pauvreté, l’injustice et la solitude (…) Il faut faire attention à ce que nous disons». Même s’il n’est pas question ici de restreindre la liberté, assure-t-il, mais d’en user avec sagesse: «La liberté tient compte de l’autre». «Ce n’est pas un principe nouveau, c’est récurrent dans toutes formes de prises de parole et d’expression, qu’elles soient publiques, ou artistiques».
Le prélat exhorte enfin les Français à la prière pendant le confinement décrété en France: «Il faut résister en priant, la prière est plus forte que tout». Il invite ainsi les familles à «réserver un temps de recueillement pour porter la peine des hommes et femmes privés de vie et d’espérance». (cath.ch/imedia/ah/rz)
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