Long de treize pages, ce rapport que s’est procuré l’agence italienne indique tout d’abord que les malversations financières de la «dame du Vatican» ont été révélées par la police slovène. S’étonnant d’une série de mouvements anormaux enregistrés sur deux comptes appartenant à la société Logsic Doo, dont Cecilia Marogna est administratrice, les autorités slovènes avaient lancé une enquête.
Ce signalement a permis à la gendarmerie du Vatican de constater que les deux comptes courants ont été alimentés par neuf virements émis par la Secrétairerie d’État entre le 20 décembre 2018 et juillet 2019. La somme totale exacte versée s’élève à 575’000 euros. Des mouvements considérés comme «non-compatibles avec l’objet social de la société» se présentant comme humanitaire, explique le rapport.
Le document dévoile encore une série de conversations WhatsApp entre le cardinal Becciu et Mgr Alberto Perlasca, alors chef du Bureau administratif de la Secrétairerie d’État. Dans un message rédigé le 20 décembre 2018, le cardinal Becciu, qui a alors déjà quitté la Secrétairerie d’État, s’adresse à Mgr Perlasca pour lui demander d’envoyer de l’argent à Cecilia Marogna, en vue de la libération d’une religieuse colombienne kidnappée. Un montant de 75’000 euros a ainsi été versé à l’ordre de Logsic doo avec le motif de «contribution volontaire à une mission humanitaire», précise le rapport.
Dans un autre message, faisant référence à la même affaire, le cardinal précise qu’il a eu «l’autorisation» de «l’autorité souveraine» pour effectuer ce transfert. «Je te rappelle que j’en ai discuté avec le SP (Saint-Père, NLDR) et qu’il veut maintenir les dispositions déjà données et dans le plus grand secret». Un message auquel Mgr Perlasca répond «ok pour la sœur», laissant entendre qu’il est au courant de l’affaire. Le document fait également état des échanges entre Mgr Perlasca et Fabrizio Tirabassi, un fonctionnaire du Bureau administratif de la Secrétairerie d’État à qui Mgr Perlasca indique les virements à effectuer. De tels échanges permettent aux enquêteurs de conclure «avec certitude (…) que la Secrétairerie d’État avait versé à Logsic doo des sommes à des fins institutionnelles en les confiant à Cecilia Marogna«.
Parmi ces treize pages, figure encore un document de la Secrétairerie d’État en date de novembre 2017 et signé de la main du cardinal Becciu, dans lequel il affirme que «Mme Marogna exerce une activité professionnelle en tant qu’analyste géopolitique et consultante en relations extérieures pour le Secrétariat d’État». Pour les enquêteurs, ce document prouve que l’Italienne a été clairement mandatée dans une fonction impliquant l’exercice de pouvoirs de nature publique – tels que la gestion et la conservation de fonds publics destinés à un but non-lucratif. Cecilia Marogna, «a avili» ce mandat «en l’exploitant» et en le détournant «à son seul avantage», stipule le rapport. (cath.ch/imedia/cg/rz)
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