Dans le documentaire Francesco d’Evgeny Afineevsky, présenté le 21 octobre à la Fête du Cinéma du Rome, les grandes étapes du pontificat en cours du pape sont présentées en s’appuyant principalement sur des témoignages, des images d’archive, mais aussi sur quelques brefs entretiens exclusifs. Lors de l’un d’entre eux, le pontife répond à une question coupée au montage, mais qui semble porter sur la façon dont l’Église catholique doivent accueillir les homosexuels et la société les protéger.
La réponse exacte du pape est celle-ci: «Les homosexuels ont le droit d’être dans la famille, ils sont les enfants de Dieu, ils ont le droit à une famille. On ne peut pas expulser quelqu’un d’une famille ou lui rendre la vie impossible à cause de cela. Ce que nous devons faire, c’est une loi de cohabitation civile, ils ont le droit d’être légalement couverts. J’ai défendu cela.» À noter que l’expression «cohabitation civile» (»convivencia civil» en espagnol) est traduite en sous-titre anglais dans le documentaire par «union civile».
Le pontife semble faire référence, quand il affirme avoir «défendu cela», à son passé argentin. En 2002, la ville de Buenos Aires était sur le point d’adopter une union civile et son évêque – Mgr Bergoglio – aurait, selon plusieurs sources, fait savoir son désaccord, sans pour autant s’opposer publiquement. Mais en 2010, avant que le gouvernement Kirchner autorise le mariage homosexuel partout en Argentine, le primat du pays serait revenu sur sa première position et aurait soutenu la solution d’une union civile. Cependant, il aurait été mis en minorité par une partie plus conservatrice de l’épiscopat argentin et l’Église catholique aurait officiellement maintenu une ligne plus «dure».
À noter que la déclaration du pape intervient, dans le documentaire, après le témoignage d’Andrea Rubera, homosexuel italien, qui raconte avoir reçu un coup de téléphone du pape après lui avoir demandé par lettre si c’était une bonne idée de confier ses enfants à sa paroisse. Il disait s’inquiéter du «trauma» que cela pouvait constituer pour eux s’ils étaient mal accueillis.
Andrea Rubera, qui dans la vie est «inclusion manager» dans une grande entreprise italienne – c’est-à-dire en charge de l’intégration des homosexuels et des personnes d’origine étrangère dans l’entreprise – explique que le pontife lui a demandé de confier ses enfants à sa paroisse tout en étant «transparents» à propos de leur famille. Mais, explique-t-il, il n’a pas donné de point de vue personnel sur leur position.
C’est la première fois qu’un pontife s’exprime officiellement en faveur de cette option. En 2014, un officiel du Vatican, Mgr Bruno Forte, avait affirmé que l’Église rejetait l’usage d’une «terminologie similaire» pour définir l’union hétérosexuelle et homosexuelle, mais n’excluait pas «la recherche d’une éventuelle codification des droits qui peuvent être accordés aux personnes vivant dans une union homosexuelle», afin de les protéger.
Le pontife avait cependant déjà fait le même constat dans le livre d’entretien avec Dominique Wolton Politique et Société, paru en 2017, sans pour autant s’engager clairement. Interrogé par le sociologue français sur le mariage des personnes du même sexe, il affirmait alors: «Le ‘mariage’ est un mot historique. Depuis toujours dans l’humanité, et non pas seulement dans l’Église, c’est un homme et une femme. On ne peut pas changer cela comme ça, à la belle étoile […] C’est la nature des choses. Elles sont comme ça. Appelons donc cela les ‘unions civiles’.»
À noter que le réalisateur Evgeny Afineevsky a déjà par le passé été investi dans le rapprochement entre cause homosexuelle et religion, en l’occurrence avec la communauté juive. En effet, en 2009, il avait fait paraître une comédie engagée Oy Vey! My Son Is Gay!!, dans laquelle il racontait l’histoire d’une famille juive de New York où un fils se révèle être homosexuel. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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