Cette nouvelle posture intervient dans un contexte particulier. La veille de l’audience, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, avait signé un décret mettant en place de nouvelles mesures pour enrayer la propagation du coronavirus. Un peu plus tôt, un foyer de contamination avait été signalé au sein même du Vatican. Au moins quatre gardes suisses avaient contracté le virus en début de semaine.
Dans la salle Paul VI, le pape François a donc fait le choix de la prudence. Mais deux éléments viennent étayer l’idée qu’il ait pris cette décision, non pas pour se protéger lui-même mais bien pour protéger les personnes qui viennent le voir. D’abord, il a donné aux participants la raison de sa prise de distance: «Lorsque je descends, tout le monde se rapproche et s’entasse. Et c’est un problème parce qu’il y a un risque d’infection».
Ensuite, en continuant de saluer ostensiblement à la fin l’audience les quelques personnes autorisées à l’approcher, il a manifesté son détachement vis-à-vis d’une possible contamination. Comme à son habitude, il n’avait pas de masque alors que le port de ce dernier est officiellement obligatoire dans l’enceinte du Vatican depuis une circulaire du 6 octobre dernier.
Cette attitude du pontife argentin illustre son penchant naturel pour les rapports de proximité. Dans l’entourage du pape, certains s’inquiètent de voir cet homme de 83 ans continuer de serrer des mains et de recevoir des cadeaux sans prendre plus de précautions. Mais chacun comprend bien que ces gestes de proximité représentent, pour l’évêque de Rome, un élément essentiel et constitutif de ce qu’est une rencontre véritable avec l’autre.
Dans sa dernière encyclique, Fratelli tutti, il se désolait ainsi de la «digitalisation» des échanges. Pour vivre réellement la fraternité, il jugeait plus que jamais nécessaire l’expression «des gestes physiques, des expressions du visage, des silences, du langage corporel, voire du parfum, du tremblement des mains, du rougissement, de la transpiration».
L’arrivée de la pandémie de coronavirus et des règles sanitaires ont donc eu des répercussions directes sur la manière dont le pape François communie habituellement avec le peuple de Dieu.
S’il a, à plusieurs reprises depuis le début de la pandémie, rappelé qu’il était important de respecter les consignes sanitaires mises en place par les États, il semble toutefois vouloir toujours faire vivre l’idée selon laquelle la crise ne doit pas faire oublier le besoin vital de l’homme d’user de ses sens. Le 10 mars dernier, à rebours des consignes sanitaires, il avait par exemple prié pour que les prêtres «aient le courage de sortir et d’aller chez les malades». (cath.ch/imedia/hl/rz)
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