D. Trump soigné grâce à des cellules de fœtus avorté

Le président américain Donald Trump a été soigné de son infection au Covid-19 par un médicament expérimental appelé REGN-COV2, développé avec l’aide de cellules d’un fœtus avorté. Des experts catholiques interrogent les enjeux éthiques de l’utilisation d’un tel produit.

Le «cocktail» d’anticorps REGN-COV2 a été mis au point par la firme américaine Regeneron Pharmaceuticals, basée à New York. Le médicament est encore en phase de test, mais a été jugé assez prometteur pour être administré au président Donald Trump, après qu’il ait été infecté par le nouveau coronavirus, début octobre 2020. Donald Trump a également bénéficié d’autres traitements, qui se sont révélés efficaces, puisqu’il est sorti de l’hôpital quelques jours après son admission. Son médecin a affirmé récemment qu’il n’était plus contagieux.

Pas de tissu fœtal dans le REGN-COV2

Des questions touchant à la bioéthique ont été cependant soulevées dans la foulée. Elles concernent des informations selon lesquelles le REGN-COV2 a été développé à partir d’une lignée cellulaire issue d’un fœtus avorté dans les années 1970, rapporte le 12 octobre 2020 le Catholic News Service (CNS). Les cellules HEK293 sont largement utilisées dans la recherche médicale. Au fil des ans, les chercheurs ont transformé la lignée cellulaire en ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de HEK293T. A ce stade, il est déterminé qu’il ne s’agit plus de tissu fœtal. Alexandra Bowie, chargée de communication à Regeneron, a assuré à CNS qu’aucun tissu fœtal n’était présent dans les recherches de la société utilisant la lignée cellulaire HEK293T. Le Père Tadeusz Pacholczyk, du Centre national catholique de bioéthique, a confirmé à l’agence d’information de l’Eglise américaine que le REGN-COV2 était fabriqué uniquement à partir de cellules de hamster.

La question du vaccin

Il considère malgré cela que le médicament pose des questions éthiques. Ceci parce que les chercheurs qui le développent testent son efficacité à l’aide d’un outil reposant sur la lignée cellulaire HEK293, issue originellement d’un avortement.

«Ce fait nous rappelle à quel point la mentalité de l’avortement a infiltré tous les secteurs de notre société, y compris de nombreux secteurs de la recherche et du développement pharmaceutique», affirme l’éthicien catholique.

En mai 2020, le dominicain Nicanor Austriaco, théologien et professeur de biologie au Providence College (Rhode Island), se demandait s’il est justifiable de bénéficier d’un acte passé «répréhensible» (en l’occurrence un avortement). Le prêtre estime qu’une telle justification serait possible «pour une raison sérieuse et proportionnée». Il juge aussi que le refus d’utiliser une technique développée en lien avec un avortement (par exemple un vaccin contre le Covid-19) serait tout aussi justifiable. «Quoiqu’il en soit, la société a également le droit et, en fait, l’obligation morale, de protéger ses citoyens de la maladie et de la mort. Ainsi, l’éthique demande que nous trouvions un équilibre entre ces intérêts divergents».

Riposte catholique

En avril 2020, des membres de comités de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) opposés à l’avortement ont envoyé une lettre à la «Food and Drug Administration» (FDA), exprimant leur inquiétude quant au développement de «dizaines de vaccins, dont certains sont produits à partir d’anciennes lignées cellulaires créées à partir de cellules de bébés avortés». La lettre demandait à l’instance américaine «d’encourager et d’inciter les entreprises pharmaceutiques à n’utiliser que des lignées cellulaires ou des procédés éthiques pour la production de vaccins».

En juin 2019, l’administration Trump avait déjà décidé d’ôter tout financement d’Etat aux recherches reposant sur le tissu fœtal issus d’avortements volontaires. Une mesure perçue comme une victoire pour les milieux «pro-life» aux Etats-Unis. (cath.ch/cns/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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