Les deux hommes sont jugés dans le cadre d’une enquête sur des agressions sexuelles commises sur une seule personne au sein du petit séminaire Saint-Pie X, une institution voulue par Pie XII et fondée au sein du Vatican. Ils discernent leur vocation dans ce pré-séminaire à l’ombre de la coupole de Saint-Pierre. Ces jeunes «chierichetti dei papi» (»enfants de chœur des papes») sont chargés chaque jour de servir la messe des prélats.
La courte audience – huit minutes – qui s’est déroulée dans le tribunal du Vatican a permis au président Giuseppe Pignatone de lire les chefs d’accusations portés contre les Pères Martinelli et Radice, en présence de ces derniers et de leur avocat. La prochaine audience aura lieu le 27 octobre 2020.
Le procès, ouvert en 2017 après que la victime ait déposé plainte, avait abouti en 2018 à un non-lieu. Mais il a été repris par le promoteur de justice en septembre 2019 du fait de nouveaux témoignages incriminants provenant d’anciens membres du petit séminaire Saint-Pie X, où se sont déroulés les faits.
Le Père Gabriele Martinelli, né le 9 août 1992, résidant à Côme, est accusé «d’avoir eu recours à la violence et aux menaces, d’avoir abusé de son autorité et d’avoir profité des relations de confiance en tant qu’ancien du petit séminaire, gardien et coordinateur des activités des séminaristes» dans le but de «faire subir à la victime des relations charnelles, des actes de sodomie, des masturbations sur lui-même et sur le garçon, à différents moments et en différents lieux dans l’Etat de la Cité du Vatican». Les violences se sont produites de 2007 à 2012. Martinelli et la victime étaient tous deux mineurs à l’époque.
La justice du Vatican reproche pour sa part au Père Radice, né en 1949 et lui aussi résidant à Côme, d’avoir, à plusieurs reprises, en tant que recteur, à différentes époques et en différents lieux, en Italie et à l’étranger, «aidé Martinelli à se soustraire à l’enquête, après des crimes de viol et de luxure».
Le 3 octobre 2013, a rapporté le président du tribunal, le Père Radice avait envoyé une lettre à l’évêque de Côme, Mgr Diego Attilio Coletti, dans laquelle il avait contredit la plainte de la victime contre le Père Martinelli, parlant de «fumus persecutionis» (soupçon de persécution, en latin). Le prêtre avait ensuite envoyé une fausse lettre au nom de l’évêque, sur papier à en-tête du diocèse de Côme, dans laquelle il annonçait l’imminence de l’ordination sacerdotale du Père Martinelli. La lettre a été désavouée par l’évêque, souligne la justice vaticane.
En 2018, lors d’un interrogatoire effectué au Vatican, le Père Radice avait affirmé «avec une certitude absolue» qu’il n’était pas au courant d’actes homosexuels ou concupiscents dans le pré-séminaire dont il était le recteur. Il s’agit une nouvelle fois, pour l’accusation, d’une entrave à l’enquête. La prochaine audience aura lieu le 27 octobre, et est reportée de la date initialement prévue à cause «des engagements de cette Cour pour une affaire déjà avancée». La justice vaticane étudiera alors les preuves qui pèsent contre les accusés et interrogera la défense. (cath.ch/imedia/cd/be)
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