Voilà... c’est le moment. Il faut y aller.

Par l’abbé Bernard Miserez/Revue Grandir

La reprise s’est imposée, impactée qu’elle est par la crise qui ébranle encore l’univers. Les scientifiques, les politiques, les observateurs économiques et sociaux n’ont pas manqué de nous livrer leurs analyses, parfois contradictoires. Et puis, à ma connaissance, personne ne s’est risqué à dessiner le profil de l’avenir sinon à relever les conséquences tragiques que la crise aura provoquées. Rien ne sera plus comme avant.

Nos communautés et nos paroisses sont en prise directe avec cet ébranlement mondial. A leur mesure, elles prennent en compte les changements, tentent de s’adapter et maintiennent une prudence extrême. La suppression des rassemblements liturgiques et des événements paroissiaux a secoué violemment les croyants. Mais, n’y aurait-il pas lieu de considérer aussi cette crise comme une chance, comme un déclic qui oblige à aller au cœur de la mission?

«Si nos fonctionnements ont été quelque peu mis à mal par la crise, rien ne peut altérer ce qui fonde la raison d’être de nos communautés.»

La mission de chaque communauté demeure et s’enracine dans la mission du Christ. L’annonce de la Bonne Nouvelle, la proximité avec les pauvres et les petits sont les signes infaillibles de la vitalité de nos communautés chrétiennes. L’immobilisme ou l’attente illusoire de la fin de la crise ne peuvent d’aucune manière justifier notre espérance. Comment signifier la présence aimante du Christ dans ce monde en désarroi sans aller à la rencontre des sœurs et des frères en souffrance? Il semble urgent de trouver des chemins de rencontres, d’ouvrir des lieux de gratuité, des espaces de solidarité pour rendre visible ce qui fonde la communauté des croyants.

L’Evangile nous attend dans le monde, aujourd’hui plus que jamais. Il est indispensable que nous mettions toutes nos énergies au service de l’Esprit-Saint pour inventer une manière évangélique d’habiter le monde. N’oublions pas: la qualité de notre présence est sacramentelle, envoyés que nous sommes pour être avec nos sœurs et nos frères. Si nos fonctionnements ont été quelque peu mis à mal par la crise, rien ne peut altérer ce qui fonde la raison d’être de nos communautés.

Ainsi, il y a quelque chose de l’ordre de la grâce qui nous est donné, en ces temps difficiles. Accueillir nos pauvretés et nos fragilités est l’unique chemin pour aller jusqu’au bout de la confiance. Sûrement, l’épreuve de la foi nous met à nu en nous dépouillant de nos fausses certitudes. Mais Lui, le Seigneur se tient là, près de nous, fidèle. «Va!» nous dit-Il. «N’aie pas peur! Sors de tes murs et viens à ma rencontre».


Cet article a été publié dans le numéro de septembre-octobre 2020 de la Revue Grandir

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