Depuis la disgrâce de l’ancien préfet de la Congrégation pour la cause des saints, les journaux italiens ouvrent chaque jour un nouveau volet de ce qu’on appelle aujourd’hui «l’affaire Becciu». Cette semaine, ils s’intéressent en particulier au rôle joué par une femme, qui aurait profité selon eux de la position avantageuse occupée par le Sarde pour détourner de l’argent du Saint-Siège.
Propriétaire d’une société basée en Slovénie, Cecilia Marogna, 39 ans et originaire de Cagliari en Sardaigne, a reçu plusieurs transferts d’argent provenant de comptes gérés par le cardinal Angelo Becciu alors qu’il était substitut de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège. La somme de 500’000 euros était censée financer des missions diplomatiques pour l’Eglise en Afrique et au Proche-Orient. Selon les journalistes italiens, elle aurait cependant été dépensée dans diverses boutiques de luxe.
Interrogée par Le Corriere della Sera, la femme s’est défendue, se décrivant comme une «spécialiste des thèmes internationaux». Elle affirme avoir notamment participé à un Forum méditerranéen à Cagliari en 2013, pendant lequel elle aurait établi des relations importantes avec des «personnalités institutionnelles» du Proche et Moyen-Orient, et lancé sa carrière de consultante.
Par ailleurs, Cecilia Marogna, met en avant ses «fortes valeurs catholiques» et une «formation religieuse», même si elle reconnaît avoir une fille née hors mariage.
L’Italienne déclare avoir rencontré le cardinal Becciu à Rome en 2015 pour l’entretenir des problèmes de sécurité rencontrés par les «nonciatures et des missions du Vatican dans des contextes dangereux». A l’issue de leur rencontre, «une relation d’estime est née qui a abouti à une collaboration opérationnelle» qu’elle qualifie notamment de «diplomatie parallèle». Elle aurait effectué ces missions dans certains pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient afin de «réduire les dangers concernant des nonciatures et des missions menacées par des cellules terroristes présentes dans ces pays».
Cecilia Marogna reconnaît avoir reçu 500’000 euros, transférés par tranche tous les mois, et ce pendant quatre ans. Ils auraient servi, outre son salaire, à financer ses voyages, les consultations et autres «situations à gérer dans diverses zones à haut risque». De son côté, le Corriere della Sera relate des achats dans les boutiques Tod’s, Prada, Mont Blanc ou Saint Laurent.
L’Italienne ne nie pas avoir acheté des sacs à main de luxe mais laisse entendre qu’il s’agissait de cadeaux pour la femme d’un responsable nigérian. Ce dernier aurait alors été plus à même de pousser le pouvoir du pays à agir pour améliorer la situation de l’Eglise catholique. Le Nigéria est de fait soumis à une importante vague de terrorisme islamique qui a notamment entrainé l’enlèvement et le meurtre de nombreux religieux catholiques ces dernières années. Cecilia Marogna affirme par ailleurs entretenir de bonnes relations avec les services secrets italiens. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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