C’est accompagné du cardinal Miguel Ángel Ayuzo Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, et du président du Comité supérieur pour la fraternité humaine, le musulman Mohamed Mahmoud Abdel Salam, que Mgr Parolin a présenté la nouvelle encyclique.
Ensemble, avec le fondateur de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, et Anna Rowlands, spécialiste britannique de la Doctrine sociale de l’Église, ils ont salué ce document comme un signe d’espérance concret de paix pour le monde.
Le pape donne à tous, selon le cardinal Parolin, un instrument indispensable : le dialogue. Certes, le dialogue ne «ne fait pas la une», mais il «aide discrètement le monde à mieux vivre». Il s’agit d’une «arme qui a un potentiel destructeur bien plus fort que tout autre armement», car il détruit «les barrières du cœur et de l’esprit».
La troisième encyclique du pape François invite, selon le secrétaire d’État, à modifier les structures et la dynamique de la communauté internationale. Il importe que soit mis en place une «forme d’autorité mondiale […] collégiale», c’est-à-dire proche de ce que l’Église catholique désigne par un gouvernement «synodal».
Saluant la dimension interreligieuse du texte, Mohamed Mahmoud Abdel Salam déclare qu’en tant que jeune musulman, il se trouve en accord avec le pape et partage «chaque mot dans cette encyclique». «Je suis convaincu que cette encyclique et le document sur la fraternité feront redémarrer le train de l’Histoire», confie-t-il.
Il annonce par ailleurs l’organisation d’un grand forum international en 2021, avec le soutien du pape François, qui permettra à cent jeunes du monde entier de venir étudier l’encyclique et le Document sur la fraternité à Abou Dabi, au Caire et à Rome. Ce texte ouvre un «chemin ancien et nouveau» qui doit permettre l’»unification des énergies religieuses» envers la paix.
Il affirme aussi que la signature du Document a déjà été «un tournant dans le monde arabe et musulman, un rayon de lumière pour le monde entier». Saluant le rôle joué par le cardinal Michael Czerny, sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, il promet de »continuer à travailler avec dévouement» à cette fraternité.
Le pape souligne que «tout ce qui nous dépasse» nous rend humain, déclare pour sa part Anna Rowlands, docteur en théologie politique à l’université de Durham (Royaume-Uni). Il nous invite à une «vérité joyeuse», car en «prenant des risques ensemble» et fraternellement, on «réduit l’anxiété» que dégage souvent notre société individualiste.
Citant l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, l’historien Andrea Riccardi décrit l’encyclique comme «un chemin pour les désorientés que nous sommes». Il remarque en particulier la charge du pape François contre les conflits, car «nous avons accepté la guerre comme une compagne» et oublié que chaque lutte armée qu’on ignore est «un feu qui peut se propager».
Sur ce point, «ce texte est beaucoup plus réaliste que beaucoup d’idéologies soit-disant réalistes», estime-t-il, et qui se limitent à un «présentisme égocentrique». Chacun a la responsabilité, assure-t-il, de réveiller le monde de cette «accoutumance collective aux conflits».
Le cardinal Guixot a pour sa part remercié le successeur de Pierre pour le «nouvel élan qu’il a donné au dialogue interreligieux». L’encyclique est un jalon sur la voie du dialogue qui doit pousser à se reconnaître comme «membres d’une même famille». En passant de la simple tolérance à la coexistence fraternelle, le Souverain pontife ouvre une nouvelle époque, salue-t-il. (cath.ch/imedia/cd/mp)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/fratelli-tutti-le-dialogue-est-une-arme-puissante/