La cérémonie de la remise du Prix Nansen se fera tout de même, mais de façon virtuelle, le 5 octobre 2020 à Riohacha, une ville colombienne située à la frontière avec le Venezuela, où Mayerlin Vergara Pérez, connue sous le nom de «Maye», dirige un foyer accueillant des enfants et des adolescents ayant survécu à des violences sexuelles. Parmi eux, de nombreux réfugiés victimes de la traite et des réseaux d’exploitation sexuelle, relève le HCR.
Maye, âgée de 44 ans, s’emploie depuis plus de deux décennies à les aider à reconstruire leur vie. Cette fervente chrétienne recevra la plus prestigieuse récompense décernée en principe chaque année depuis 1954 par le HCR pour rendre hommage à des personnes, des groupes et des organisations dont l’action va bien au-delà de leurs obligations professionnelles pour protéger les réfugiés, les déplacés et les apatrides.
Maye vit et travaille à Riohacha, à la frontière nord-est de la Colombie avec le Venezuela, où elle dirige un centre de réhabilitation dans une région qui a connu un pic d’exploitation sexuelle des jeunes, notamment des réfugiés et des migrants fuyant la crise politique, socio-économique et des droits de l’homme qui sévit actuellement au Venezuela.
Quand les enfants victimes de la traite des êtres humains et d’exploitation sexuelle arrivent à la Fondation Renacer, «ils sont remplis de culpabilité et de honte et beaucoup ne souhaitent plus vivre», explique Maye, qui dirige le foyer de La Guajira depuis son ouverture en 2019. «Ils n’ont pas de rêves, pas de projets de vie, et ils ont de réelles difficultés pour interagir avec les autres, ainsi que pour donner et recevoir de l’affection».
Les conflits entre les dizaines d’enfants et d’adolescents qui vivent dans les foyers d’accueil de Renacer sont courants. Le personnel multidisciplinaire – qui comprend un travailleur social, un juriste et un nutritionniste, ainsi que des psychologues et des éducateurs – est sur place 24 heures sur 24 pour les aider à apprendre à régler leurs différends. De plus, en raison des traumatismes profonds qu’ils ont subis, le personnel doit être constamment en alerte maximale contre les risques d’automutilation.
Cependant, souligne Maye, les enfants s’adaptent peu à peu à leur nouvel environnement. Eloignés du danger et entourés d’adultes bienveillants et aidants ainsi que d’autres enfants ayant subi les mêmes expériences traumatisantes, ils parviennent à faire face à leur passé et à faire des projets pour l’avenir.
Secourus dans la rue, dans des maisons de prostitution et dans des bars où ils sont contraints à l’exploitation sexuelle ou retirés de leurs familles où ils sont maltraités, les enfants dont s’occupe Mayerlin ont connu des traumatismes presque inimaginables. Leur processus de rétablissement est long et mouvementé, écrit la journaliste Jenny Barchfield sur le site du HCR.
Le Prix Nansen est considéré comme le «Prix Nobel de l’humanitaire»
En plus de son travail de proximité auprès de groupes vulnérables, la Fondation Renacer gère actuellement deux des trois foyers d’accueil qui existent dans toute la Colombie et qui recueillent des victimes de violences sexuelles infligées pendant l’enfance. L’un d’eux est situé dans la ville côtière de Cartagena, et l’autre dans la région frontalière orientale de La Guajira qui a connu une recrudescence dramatique des cas d’exploitation sexuelle parmi les réfugiés et les migrants vénézuéliens fuyant la crise qui sévit dans leur pays.
La Fondation Renacer (Renaître), au cours de ses 32 ans d’existence, a aidé plus de 22’000 adolescents et enfants survivants de la prostitution et d’autres types de violence sexuelle et de genre.
Le Prix Nansen est considéré comme le «Prix Nobel de l’humanitaire». Outre la «médaille Nansen», en l’honneur de l’explorateur Fridtjof Nansen qui créa le premier Comité pour les réfugiés et les populations déplacées auprès de la Société des Nations (SDN), la distinction commémorative est associée à un prix en argent de 150’000 dollars US offert par les gouvernements suisse et norvégien. En étroite collaboration avec le HCR, la lauréate doit utiliser cette somme pour financer son travail avec les victimes.
La Fondation Renacer travaille en étroite collaboration avec l’agence colombienne chargée de la protection de l’enfance, l’Institution gouvernementale pour le bien-être de la famille (ICBF). La cérémonie du 5 octobre prochain, à laquelle participent virtuellement Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, de nombreux artistes et personnalités, dont l’écrivaine chilienne Isabel Allende ou encore Angelina Jolie, ambassadrice de bonne volonté du HCR, sera visible sur le canal du HCR www.youtube.com/user/unhcr le 5 octobre 2020 à 18h30. (cath.ch/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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