Articulée en 10 pages, rédigée en italien et traduite en huit langues, dont le latin, la lettre apostolique Scripturae Sacrae affectus – l’affection pour les Saintes Ecritures, en latin – retrace la vie, le parcours intellectuel et l’œuvre de saint Jérôme de Stridon (c. 345-420), figure majeure du siècle d’or de la Patristique et rédacteur de la Vulgate, la traduction latine de la Bible.
Jérôme, affirme le successeur de Pierre, est la «Bibliothèque du Christ» et continue à nous enseigner ce que signifie l’amour de Dieu, […] indissociable de la rencontre avec sa parole». Le pape appelle à renouer avec les textes du Père de l’Eglise et, plus largement, à apprendre à aimer ce que Jérôme a aimé dans le trésor des Saintes Ecritures: une spiritualité nourrie par un «désir inquiet et passionné d’une connaissance plus grande du Dieu de la Révélation».
Il existe un «analphabétisme» actuel, qui ne touche pas seulement le secteur religieux, souligne le pape. Ce dernier appelle à pallier le manque de connaissances herméneutiques qui nous rendent interprètes et traducteurs crédibles de notre propre tradition culturelle.
Dans cette perspective, le pape lance un défi aux jeunes en leur demandant de partir à la recherche de leur héritage. «Le christianisme vous rend héritiers d’un patrimoine culturel inégalable dont vous devez prendre possession. Passionnez-vous de cette histoire qui est vôtre», a-t-il exhorté.
A côté d’un développement des études ecclésiastiques destinées aux prêtres et aux catéchistes qui se consacrent à la Bible, le pape François demande la promotion d’une formation étendue à tous les chrétiens, pour que chacun devienne capable d’ouvrir le livre sacré.
Chaque faculté de théologie doit de son côté «s’engager afin que l’enseignement de la Sainte Ecriture soit programmé de manière à assurer aux étudiants une capacité interprétative compétente, soit dans l’exégèse des textes, soit dans les synthèses de théologie biblique », écrit le pontife en déplorant que «la richesse de l’Ecriture [soit] malheureusement ignorée ou minimisée par beaucoup». Selon le successeur de Pierre, la recherche religieuse peut en effet être une aventure passionnante qui unit la pensée et le cœur.
En se mettant à l’écoute des Saintes Ecritures, saint Jérôme affirme que chacun peut se trouver lui-même, mais peut aussi trouver le visage de Dieu et celui de ses frères, a expliqué le pontife. De fait, elle permet d’affiner une prédilection pour la vie communautaire. C’est ainsi que Jérôme a manifesté le désir de vivre avec des amis et de fonder des communautés monastiques voyant le monastère «comme un ›gymnase’ dans lequel il faut former les personnes qui se considèrent comme inférieures à tous afin d’être les premières parmi tous», capables d’enseigner par leur style de vie.
Jérôme n’a en effet pas cherché dans l’étude un plaisir éphémère pour lui-même, mais un «exercice de vie spirituelle», un moyen pour arriver à Dieu. Le pontife propose ce témoignage dans sa lettre, «admirablement offert par le saint: avant tout aux moines, afin que celui qui vit d’ascèse et de prière soit invité à se consacrer à l’enfantement assidu de la recherche et de la pensée; puis aux chercheurs qui doivent se rappeler que le savoir est «religieusement valide seulement s’il se fonde sur l’amour exclusif de Dieu», sur le dépouillement de toute ambition humaine et de toute aspiration mondaine.
«L’étude de l’Ecriture telle qu’abordée par saint Jérôme montre encore qu’elle est vectrice de communion, estime par ailleurs le pape François, car nous ne pouvons pas lire seuls»: «C’est seulement dans cette communion avec le Peuple de Dieu, dans ce ›nous’ que nous pouvons réellement entrer dans le cœur de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire».
La recherche doit toujours être «un lieu où le savoir devient service» car sans coopération, il n’y a pas de développement humain. L’étude des écrits de saint Jérôme, assure le pape, peut ainsi être considérée comme un «effort accompli au sein de la communauté et au service de la communauté, un modèle de synodalité donc, pour nous, pour notre temps et pour les diverses institutions culturelles de l’Eglise».
Le pape a également rappelé que l’Ancien Testament, sur lequel saint Jérôme a particulièrement travaillé, était tout entier indispensable pour comprendre le Christ. «L’Ancien Testament n’est pas un vaste répertoire de citations qui démontrent l’accomplissement des prophéties en la personne de Jésus», explique le pape, mais une lumière essentielle pour la comprendre. (cath.ch/imedia/ah/cg/cd/bh)
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