Neuchâtel: référendum contre la reconnaissance des religions

Le PLR et l’UDC neuchâtelois ont lancé fin septembre 2020 un référendum contre l’extension de la reconnaissance d’utilité publique des communautés religieuses. Les partis de droite estiment qu’il revient au peuple de décider quelles religions doivent en bénéficier.

Le Grand Conseil neuchâtelois a accepté, le 2 septembre 2020, une loi permettant à d’autres communautés religieuses que celles déjà reconnues d’obtenir un tel statut de l’Etat. L’Union démocratique du centre (UDC) s’y était opposée sans succès, ainsi qu’une très grande majorité du Parti Libéral-Radical (PLR) du canton. Les opposants exigeaient notamment que les prêches soient réalisés dans une langue nationale et que les communautés ne puissent pas dispenser un enseignement religieux dans les locaux de l’école publique. La menace d’un référendum avait déjà été brandie à ce moment-là par les deux partis.

Au peuple de juger de l’intégration d’une communauté?

Actuellement, l’Etat neuchâtelois ne reconnaît d’utilité publique que les Eglises réformées évangéliques, l’Eglise catholique romaine et l’Eglise catholique chrétienne. Grâce à la nouvelle loi, d’autres communautés religieuses pourront poser leur candidature de reconnaissance.

Mais la principale pomme de discorde se situe au niveau de l’acceptation de ce statut. Lors des débats au parlement, la majorité des députés PLR voulaient qu’un référendum ait lieu à chaque demande de reconnaissance formulée, note le quotidien Le Temps du 28 septembre 2020. Or, la loi adoptée le 2 septembre stipule qu’une récolte de signatures ne peut être lancée que si 30 élus demandent un scrutin populaire. «Avec ce dispositif, il est extrêmement difficile de faire en sorte que le peuple se prononce, déplore Jean-Daniel Jeanneret, président du comité référendaire PLR.

Nous posons la question suivante: qui doit in fine décider de la reconnaissance d’une religion? Le Grand Conseil ou le peuple? Pour nous, c’est au peuple de juger si une communauté religieuse est suffisamment intégrée.»

Eviter des «dérives dans les mosquées»?

L’UDC a ainsi lancé, de façon non conjointe avec le PLR, un référendum, en reprenant l’argument de la nécessité du vote populaire. Le parti répète également son opposition au principe même de la loi, notamment pour «des questions d’implantation historique des religions». Niels Rosselet-Christ, chef du groupe UDC au Grand Conseil neuchâtelois, considère aussi que les exigences que doivent remplir les communautés intéressées sont lacunaires, admettant qu’il veut éviter «des dérives dans les mosquées».

Le Parti socialiste (PS), l’une des chevilles ouvrières de la loi du 2 septembre, estime au contraire que les garde-fous sont suffisants. Le parti de gauche redoute également qu’un vote populaire puisse mener à une discrimination ou une inégalité de traitement.

Les référendaires ont jusqu’au 17 décembre 2020 pour déposer 4’500 signatures. (cath.ch/lt/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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