A la date d’août 2020, les rentrées ont même augmenté, s’est réjoui Jean de Skowronski, président d’AED/ACN Suisse. Comparée à l’année dernière, pour les huit premiers mois de 2020, la croissance globale des rentrées est de 9% (4,065 millions de francs suisses), avec une progression des dons de 36%, mais avec un recul des legs de 69%.
L’œuvre d’entraide internationale cherche à maintenir en 2020 son niveau de soutien aux chrétiens subissant la persécution ou vivant dans une extrême précarité. En Suisse, les dons ont été cependant en recul l’an dernier. En 2019, la section suisse de l’organisation catholique a récolté 7’512’468 francs contre 8’318’508 l’année précédente.
«Alors que les besoins dans les régions que nous aidons augmentent, la fin de l’année 2020 risque pourtant d’être difficile, malgré les chiffres réjouissants jusqu’à maintenant. Avec le confinement et les mesures de protection qui ont été prises par les autorités pour contenir la pandémie, les hôtes des divers pays aidés, invités pour témoigner de leur dure réalité, n’ont pas pu venir en Suisse. Nos actions de sensibilisation dans les paroisses, qui vivent dans une certaine insécurité, ont été rendues plus compliquées. Les conséquences financières pourraient bientôt se faire sentir et se répercuteront sur les rentrées totales de 2020, car le PIB suisse a reculé de 9,7 % en comparaison de la même période de l’année précédente et de nombreuses entreprises sont menacées de faillite. Mais nous vivons dans l’espérance chrétienne», confie à cath.ch Jan Probst, directeur de la section suisse d’AED/ACN à Lucerne.
Face à ces nouveaux défis, AED/ACN a cherché de nouvelles voies de communication avec son public, notamment sur les réseaux sociaux, car, en ce qui concerne les campagnes de sensibilisation dans les paroisses, 10 ont pu être menées, 16 ont été annulées en raison du Covid-19 et 14 sont encore au programme. Certaines pourraient encore être remises à plus tard. Pour faire face, le team de Lucerne et de Fribourg a multiplié les envois postaux, les newsletters ainsi que les interventions sur les radios locales et les radios on line… par téléphone.
L’équipe des bureaux de Lucerne et de Fribourg prépare pour l’an prochain, dans les trois régions linguistiques, une «semaine rouge», à savoir une illumination d’un édifice religieux avec des spots de couleur rouge, sur le modèle de ce qui se fait au Sacré-Cœur de Paris ou au Colisée de Rome. Une façon très efficace de rappeler le sort de centaines de milliers de chrétiens discriminés ou persécutés dans le monde.
Fondation pontificale internationale, AED/ACN, dont la section suisse est basée à Lucerne, est une œuvre d’entraide internationale engagée depuis 1947 aux côtés des chrétiens opprimés et discriminés. Son siège international se trouve dans la ville allemande de Königstein, près de Francfort.
Aujourd’hui, il y a environ 200 millions de chrétiens dans le monde qui ne peuvent pas pratiquer librement leur foi, et il y a plus de 80 pays dans le monde où le droit fondamental à la liberté religieuse n’est pas garanti, selon le Rapport d’activité 2019 d’AED/ACN. Plus de 100 millions d’euros ont été versés l’an dernier, par l’organisation, en faveur de l’Eglise dans les divers continents. Avec 23 bureaux nationaux et plus de 330’000 bienfaiteurs au plan mondial, la fondation de droit pontifical a collecté plus de 106 millions d’euros de dons en 2019 pour les chrétiens persécutés et en détresse, maintenant ainsi le niveau de l’année précédente.
L’organisation a soutenu 5’230 projets, soit 211 de plus qu’en 2018, pour répondre à de multiples besoins dans 139 pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient. L’ensemble des projets a bénéficié à 1’162 diocèses, soit plus du tiers de tous les diocèses du monde, note AED/ACN.
L’Afrique est la région où AED/ACN a le plus de programmes, 1’766, soit 29,6% des aides dédiées aux projets. Au Nigeria, au Cameroun et au Burkina Faso, où le fondamentalisme musulman et le terrorisme djihadiste font des ravages parmi la population, l’organisation catholique a financé 264 projets pour un total de 3 millions d’euros. La République Démocratique du Congo (RDC), en raison des graves conflits qu’elle subit, de l›indifférence internationale et de sa vaste superficie de plus de 2,3 millions de km², est le pays africain où l’œuvre d’entraide catholique a réalisé le plus de projets en 2019. La RDC se place ainsi en troisième position au niveau mondial: 268 projets y ont été financés pour un montant de 3,3 millions d’euros.
22,1% des dons destinés aux projets ont été consacrés au soutien des minorités chrétiennes dont l’existence est menacée au Moyen-Orient, berceau du christianisme. En Syrie, qui souffre toujours de la guerre, AED/ACN a financé 132 projets pour un total de près de 7,6 millions d’euros, axés sur l’aide d’urgence et de survie. L›autre grand bénéficiaire a été l’Irak, où, après la reconstruction de plus de 6’000 maisons dans les villages chrétiens de la Plaine de Ninive, près de Mossoul, s’est ouverte une nouvelle phase.
Il s’agit de la reconstruction des lieux de culte et des monastères, afin de donner un nouveau foyer spirituel aux familles qui sont retournées dans leurs villes et villages après que les terroristes islamistes de Daech en aient été chassés. Parmi les 50 grands projets approuvés par l’organisation pour un total de 5,6 millions en Irak, figure la reconstruction de la cathédrale syro-catholique d’Al-Tahira (Immaculée Conception) de Qaraqosh, la plus grande église chrétienne du pays.
L’Ukraine, autre pays touché par la guerre et une grande pauvreté économique, a été la priorité d’AED/ACN en Europe de l’Est, avec près de 300 projets et plus de 4 millions d’euros alloués en 2019. En Amérique latine, après le Brésil, le Venezuela est devenu le pays qui reçoit le plus d’aide. L’œuvre d’entraide financé 108 projets pour soutenir l’Eglise vénézuélienne. Pour nombre de personnes, elle est le seul soutien dans un pays qui souffre d’une immense dégradation sociale en raison de sa situation politique et économique. De même sur le continent asiatique, AED/ACN a accordé la priorité à des pays comme le Pakistan et l’Inde, car le fanatisme religieux islamiste dans le premier et le nationalisme hindou dans le second menacent les chrétiens et les discriminent dans leur vie quotidienne.
L’organisation relève qu’elle a pu soutenir en 2019 plus de 40’000 prêtres, «soit un sur dix dans le monde». La plupart d’entre eux utilisent les offrandes de messe non seulement pour leur propre subsistance, mais aussi pour mener à bien leur travail pastoral et social. AED/ACN a aussi renforcé son soutien à la formation de séminaristes et aux membres d’ordres religieux, ce qu’elle considère comme «un élément clé pour l’avenir de l’Eglise».
Ainsi, grâce à l’aide d’AED/ACN, plus de 13’000 religieuses vivant dans des zones de guerre, dans les bidonvilles des métropoles ou dans les zones inaccessibles en montagne et dans la jungle, ont pu améliorer leurs services aux plus pauvres et aux plus vulnérables. Plus de 16’200 séminaristes dans le monde entier, «un sur sept», ont ainsi été soutenus. Ces programmes de soutien et de formation représentent 16 % des fonds alloués par l’œuvre d’entraide. (cath.ch/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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