C’est de correction fraternelle entre chrétiens que traite l’évangile de ce jour: quelle attitude la communauté doit-elle adopter à l’égard d’un frère dont la conduite nuirait à l’Eglise?
Juste avant ce passage, dans l’évangile selon saint Matthieu, Jésus prend l’exemple du berger et d’une brebis égarée. Il donne cette consigne: «On ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu’un seul de ces petits se perde». C’est dans cette lignée qu’il faut lire et comprendre cet évangile car la vigilance n’est pas seulement le fait du berger, comprenons du responsable de la communauté, elle engage tous ses membres afin de ne pas laisser ses frères s’égarer.
Or à l’époque, encore peu nombreux dans la société, les chrétiens avaient d’autant plus le souci de leur réputation. «Voyez comme ils s’aiment» disait-on à leur sujet. Mais plus forte encore leur apparaissait l’exigence interne de l’unité et de la cohésion ecclésiale: née de la charité divine, l’Eglise devait être communion d’amour où chacun est responsable de la foi et de la sainteté de ses frères.
«La communauté ne doit pas se comporter à la façon d’un tribunal ordinaire: celui-ci sanctionne l’aveu du coupable en le condamnant.»
D’où la procédure adoptée pour extirper toute racine de mal ou de mésentente entre chrétiens. Elle met en œuvre, dans une sage progression, aussi bien la prudence que la patience; elle témoigne du souci de permettre l’écoute et le dialogue, pour que chacun reçoive toute sa chance de rester dans la communion de tous. En effet, la communauté ne doit pas se comporter à la façon d’un tribunal ordinaire: celui-ci sanctionne l’aveu du coupable en le condamnant; celle-là vise cet au-delà de la justice qu’est la miséricorde, en vue d’absoudre et de réconcilier. Et lors même que le pécheur s’obstinerait dans son erreur, l’Eglise le garderait dans sa prière.
En préservant la communion fraternelle, c’est, en définitive, cette prière de l’Eglise qu’il faut sauver, puisque son efficacité est subordonnée à la concorde qui règne dans la communauté, à la présence de l’Emmanuel, intercédant pour elle, assumant sa prière. Voilà ce qui justifie dans l’Eglise, et le refus de l’anathème ou de l’excommunication expéditive, et le sens de la responsabilité envers autrui, plus fort que tous les ressentiments.
«Je suis responsable de ma rose dit le Petit Prince de Saint-Exupéry… même si elle a des épines!»
Sœur Marie-Paule | Vendredi 4 septembre 2020
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi,
va lui faire des reproches seul à seul.
S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas,
prends en plus avec toi une ou deux personnes
afin que toute l’affaire soit réglée
sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter,
dis-le à l’assemblée de l’Église ;
s’il refuse encore d’écouter l’Église,
considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis :
tout ce que vous aurez lié sur la terre
sera lié dans le ciel,
et tout ce que vous aurez délié sur la terre
sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis,
si deux d’entre vous sur la terre
se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit,
ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom,
je suis là, au milieu d’eux. »
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