Pour évaluer les questions liées au respect de l’environnement et des droits humains dans la production des batteries, les œuvres d’entraide catholique Action de Carême (AdC), protestante Pain pour le prochain (PPP) et l’Association transports et environnement (ATE) ont passé au peigne fin la politique commerciale des six plus grands fabricants de batteries pour véhicules électriques au monde.
Dans l’évaluation globale, le fabricant sud-coréen Samsung SDI arrive en tête, tandis que le leader mondial du marché chinois, CATL, est en dernière position, principalement en raison d’un manque de transparence.
La traçabilité des chaînes d’approvisionnement présente toutefois des lacunes considérables pour tous les fabricants, assurent les ONG dans un communiqué du 2 septembre 2020. Il y a notamment un manque général d’information sur les mines d’où proviennent les matières premières.
En outre, les entreprises limitent leur devoir de diligence aux minerais dits «du conflit» et au cobalt de la République démocratique du Congo, considérés comme problématiques en raison du recours massif au travail des enfants dans les mines, estime l’étude. Les graves dommages sociaux et écologiques provoqués par l’extraction du lithium et du nickel sont largement ignorés.
Les éditeurs de l’étude appellent donc les fabricants de batteries à assumer pleinement leur devoir de diligence tout au long de la chaîne d’approvisionnement et pour toutes les matières premières utilisées. L’élément décisif à cet égard est une plus grande transparence en ce qui concerne l’origine des matières premières, les conditions de travail dans les mines et les conséquences sociales et environnementales pour les communautés vivant aux abords des mines. Enfin, les entreprises doivent non seulement identifier les dysfonctionnements dans les chaînes d’approvisionnement, mais aussi travailler avec les acteurs de la société civile pour trouver des solutions.
Les trois ONG estiment également possible d’améliorer et d’étendre le recyclage. Ils appellent les responsables politiques à favoriser l’innovation et à créer un cadre réglementaire et des incitations, afin que les batteries puissent être utilisées le plus longtemps possible et recyclées entièrement. En effet, aujourd’hui, l’extraction de nouvelles matières premières est souvent moins coûteuse que leur réutilisation. Le recyclage doit également contribuer à réduire les émissions de CO2 provenant de la production de batteries. Jusqu’à présent, seules trois des entreprises analysées ont aligné leurs objectifs d’émissions sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.
Au final, le bilan écologique des véhicules électriques est meilleur que celui des véhicules alimentés par des combustibles fossiles, note l’étude des ONG suisses. Elles préconisent toutefois une réduction du nombre de véhicules afin de limiter la demande en matières premières. Pour y parvenir, les comportements de mobilité doivent changer, demandent les organisations, par exemple en utilisant plus souvent les transports publics et en encourageant le covoiturage, l’autopartage et la pratique du vélo. (cath.ch/com/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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