Cette journée créée par l’évêque de Rome en 2015, marque le début du temps de la Création, a-t-il rappelé dans son message publié par le Saint-Siège le 1er septembre 2020. Cette période d’un mois se déroulant du 1er septembre au 4 octobre, a cette année pour thème «Jubilé pour la Terre», à l’occasion des cinquante ans de la Journée de la Terre. Il s’agit d’un temps pour faire mémoire de «notre existence interrelationnelle», a souligné le pontife.
Un tel mois constitue d’abord une occasion pour «réparer l’harmonie originelle de la Création et pour assainir des rapports humains compromis», a demandé le primat d’Italie lors du cinquième anniversaire de son encyclique environnementale Laudato sí. En préparation du Sommet de Glasgow (Royaume-Uni) sur le climat (COP 26 ), dont le déroulement est reporté en 2021 en raison de la pandémie, il a donc invité «chaque pays à adopter des objectifs nationaux plus ambitieux pour réduire les émissions» polluantes.
«Nous sommes à court de temps, comme nos enfants et nos jeunes nous le rappellent», a insisté l’évêque de Rome. Parce que «nous nous trouvons dans une situation d’urgence», il s’agit selon lui de «réparer la terre», notamment en restaurant l’équilibre climatique, et de s’unir pour limiter l’augmentation de la température moyenne au seuil de 1,5 °C, un objectif fixé par le Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Autre enjeu crucial, a rappelé le successeur de Pierre, la préservation de la biodiversité, pour sauvegarder les 30% de la Terre comme habitat protégé avant 2030. Selon lui, la 15e réunion de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15, à Kumming, en Chine), elle aussi repoussée à 2021,doit constituer un véritable «tournant» afin que la Terre redevienne une maison où la vie est «abondante».
Ce temps de réparation suppose encore de rétablir des relations sociales équitables, a-t-il encore demandé, en appelant à une «justice réparatrice» des pays du Nord envers les pays du Sud. Selon lui, les pays les plus riches ont en effet provoqué «une dette écologique énorme, due principalement au pillage des ressources et à l’utilisation excessive de l’espace environnemental commun pour l’élimination des déchets».
Une telle logique doit aussi être appliquée aux peuples autochtones: une protection de tels peuples «contre les compagnies, surtout multinationales» s’impose. À travers l’extraction préjudiciable des combustibles fossiles, des minéraux, du bois et des produits agro-industriels, celles-ci «font dans les pays moins développés ce qu’elles ne peuvent dans les pays qui leur apportent le capital», a-t-il une nouvelle fois dénoncé.
Le pontife argentin a également renouvelé son appel à effacer la dette des pays les plus fragiles en raison de la situation qu’ils doivent affronter en raison de la crise sanitaire actuelle. En vue de la reprise, il a appelé à la mise en place de politiques, de législations et d’investissements «centrés sur le bien commun».
En ce mois particulier de «repentir», il s’agit de restaurer les relations détruites et de se tourner vers les plus pauvres et les plus vulnérables, a encore pointé le pape. Le projet initial de Dieu, doit être vécu «comme un héritage commun, un banquet à partager avec tous les frères et sœurs dans un esprit de convivialité» et «non pas dans une compétition déréglée». Il a appelé à lutter contre les diverses formes d’esclavage moderne, dont la traite des personnes et le travail des mineurs.
Selon le pontife, une telle période est aussi un moment propice pour se reposer et s’émerveiller. En effet, «la pandémie actuelle nous a amenés (…) à redécouvrir des styles de vie plus simples et durables». Pour le primat d’Italie, il s’agit donc de profiter de ce moment positif pour «mettre fin à des activités et à des finalités superflues et destructrices, et cultiver des valeurs, des liens et des projets génératifs». Cela suppose de «supprimer de nos économies les aspects non essentiels et nocifs, et [de ] donner vie à des modalités fructueuses de commerce, de production et de transport de biens».
Cette année d’anniversaire est aussi un motif de réjouissance selon le pape argentin, car elle permet un rapprochement des communautés de croyants «pour donner vie à un monde plus juste, plus pacifique et plus durable» dans un esprit œcuménique. Partout, l’Esprit Saint anime de nombreux individus pour reconstruire la maison commune et défendre les plus vulnérables, s’est-il réjoui. «Nous assistons à l’émergence progressive d’une grande mobilisation de personnes, qui, à la base et dans les périphéries, travaillent généreusement pour la protection de la terre et des pauvres», a-t-il salué. (cath.ch/imedia/cg/cp)
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