Femmes en Eglise: «sur le bon chemin», pour Sœur Alessandra Smerilli

En termes de présence féminine dans ses institutions dirigeantes, l’Eglise catholique est «sur le bon chemin», déclare Sœur Alessandra Smerilli dans un entretien à l’agence de presse catholique allemande KNA le 21 août 2020.

La religieuse salésienne, qui est aussi économiste et conseillère de l’Etat de la Cité du Vatican, fait partie d’un groupe de travail exclusivement féminin «Femmes pour une nouvelle renaissance», mis en place par la ministre italienne pour l’égalité des chances et la famille, Elena Bonnetti, afin de trouver des réponses à la crise sanitaire et économique actuelle. 

«Monoculture masculine» prédominante dans l’Eglise catholique

Face à la «monoculture masculine» prédominante dans l’Eglise catholique, Sœur Smerilli se montre plutôt optimiste. «Nous sommes sur la bonne voie. Non seulement au Vatican, mais aussi à la Conférence épiscopale italienne. Dans un monde dominé par les hommes comme le Vatican, il ne s’agit pas nécessairement d’un simple manque de volonté d’embaucher des femmes».

Dans ce milieu, si le Saint-Siège tarde à recruter des femmes aux plus hauts postes, c’est parce qu’on y connaît aussi beaucoup moins de femmes: «on ne connaît pas leurs compétences…» De plus, la religieuse insiste sur la nécessité de ne pas faire reposer cette évolution sur les seules épaules du pape.

Le pape François donne des signes importants

«Le pape François donne des signes importants. Mais cela ne doit pas dépendre de lui seul. C’est un processus qui est tout aussi nécessaire dans les diocèses, les paroisses, les mouvements. Nous, les femmes, devons nous mettre en avant sans timidité et sans sentiment d’infériorité!»

La religieuse se souvient du Synode des Jeunes en 2018, lorsque le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et de Freising et coordinateur du Conseil pour l’Economie du Vatican, a fait état des expériences allemandes de promotion et de préparation spécifiques des femmes qui devaient assumer des responsabilités dans les institutions ecclésiastiques. «Nous avons encore davantage besoin de quelque chose comme ça».

Une occasion manquée ?

Interrogée sur l’absence de femme à la tête du Secrétariat pour l’économie – où le Père jésuite espagnol Juan Antonio Guerrero Alves a été nommé préfet en novembre dernier – la religieuse explique qu’elle n’aurait pas été un choix pertinent pour occuper ce poste, rappelant qu’elle est avant tout une universitaire. Le pape lui-même a dit un jour qu’il y avait eu deux candidates…

Une occasion manquée de placer une femme à un poste clé du Saint-Siège ? «Peut-être bien. Mais ce travail est très délicat en ce moment. Il y a eu une grande pression, surtout de la part des médias, pour nommer une femme. Cela aurait rendu difficile l’exécution des tâches liées au poste avec la discrétion nécessaire. Cette attention des médias décourage souvent les gens de chercher un poste et les gêne dans leur travail», lâche la professeure d’économie politique et de statistiques àla Faculté Pontificale des Sciences de l’Education Auxilium.   

Rompre avec les clichés

A la question de savoir si elle est un modèle pour les jeunes femmes, Sœur Alessandra Smerilli répond qu’elle essaie de rompre avec les clichés et d’ouvrir des voies pour les autres: en tant que religieuse, en tant qu’économiste, en tant que consultante politique. «C’est pourquoi, par exemple, je participe aussi à des discussions télévisées. Et si quelqu’un me dit, comme cela s’est déjà produit, ‘Retournez au monastère pour prier’, je réponds: ‘Dieu s’est fait homme pour s’occuper du monde et de ses problèmes. Je suis moi aussi appelée à le faire. Ce sont surtout les jeunes qui me disent: ‘Vas-y, montre-nous ce qui est possible!'» (cath.ch/kna/imedia/cg/be)

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