Jérôme Fourquet, directeur du pôle Opinion & Stratégies d’Entreprises de l’Ifop, attribue cette perte de culture à un phénomène global de sécularisation de la société. Dans les colonnes du Monde, Jérôme Fourquet relève que «pour beaucoup, cela n’a plus grand intérêt de connaître cette culture. C’est devenu une langue étrangère, voire inconnue, pour une grande partie des jeunes générations». Il souligne aussi «le peu d’enseignement de la culture religieuse dans l’éducation nationale» en France.
L’étude reprend des questions déjà formulées en 1988 et permet ainsi de dresser un bilan de l’évolution de cette culture au sein de la population française. L’enquête d’opinion a été menée du 5 au 7 août 2020 auprès d’un échantillon de 1’009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Le sondage montre que plus d’un Français sur deux déclare connaître la prière du «Notre Père» (56%) et quasiment autant connaît le «Je vous salue Marie», contre respectivement 67 % et 61 % trente-deux ans auparavant. En revanche, seuls 42 % des moins de 35 ans disent connaître le «Notre Père», et 29 % de cette tranche d’âge connaît le «Je vous salue Marie».
L’enquête montre aussi que les dirigeants d’entreprise (66 %) sont plus nombreux que les salariés (49 %) et que les chômeurs (55 %) à connaître le «Notre Père». On découvre que les électeurs d’Emmanuel Macron (64 %) et de François Fillon (64 %) connaissent mieux le «Notre Père», prière de référence pour les chrétiens, que les électeurs de Marine Le Pen (62 %) ou de Jean-Luc Mélenchon (48 %).
«Toutefois, et c’est le phénomène le plus visible, note l’Ifop, la culture chrétienne se perd et les Français – également les chrétiens pratiquants – connaissent de moins en moins la signification des fêtes chrétiennes». Même dans l’intimité des croyants, la religion s’efface avec la diminution importante de ceux qui possèdent des objets religieux à leur domicile, comme un crucifix (17%, – 22 pts), un chapelet (25%, -13 points), une statuette de la Vierge (23%, -14 points) ou encore bien sûr une Bible (31%, -4 points).
Cette étude montre également une grande différence entre les plus et les moins de 50 ans quant à l’imprégnation de la culture chrétienne. Pour les personnes les plus âgées, les résultats restent les mêmes par rapport à ceux de 1988. En revanche, la connaissance et la permanence de cette culture chez les jeunes sont de moins en moins prégnantes. Ainsi, 44 % des Français (contre 43 % en 1988) savent que Pâques célèbre la résurrection du Christ.
Mais parmi eux, 47 % ont plus de 50 ans, alors que les moins de 35 ans ne sont que 34 % à connaître la signification de cette fête. 7 % des moins de 35 ans peuvent dire que la Pentecôte célèbre la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, contre 13 % pour l’ensemble des Français (18 % en 1988). 26 % des moins de 35 ans connaissent la signification de l’Ascension, contre 44 % des plus de 50 ans. Chez les plus jeunes, 5 % possèdent un missel, contre 30 % chez les plus anciens. (cath.ch/ifop/be)
Jacques Berset
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