Déjà fortement impactée par la crise sanitaire (95’071 personnes contaminées, 3’827 morts, pour une population de 11 millions d’habitants) qui a entraîné l’effondrement du système de santé, la Bolivie connaît depuis plus d’une semaine des manifestations parfois violentes contre le report des élections et le manque de mobilisation du gouvernement pour proposer des solutions face à une crise économique de plus en plus aiguë.
Dans un communiqué publié le 10 août 2020, la Conférence épiscopale, face aux graves conflits sociaux et la crise sanitaire dont souffre le pays, réaffirme «sa disponibilité pour faciliter le dialogue où cela sera nécessaire et appelle tout le monde à réfléchir à ce qui se déroule en ce moment et à agir en conséquence».
Les évêques exhortent les dirigeants syndicaux à «cesser les comportements violents, à lever les blocages et à accepter un dialogue serein pour la recherche de solutions».
L’annonce du report des élections générales pour cause de pandémie, le 23 juillet 2020, avait déclenché la fureur d’une partie des Boliviens, qui exigent le droit d’exercer leur vote au plus vite, alors qu’ils sont gouvernés par des autorités transitoires non élues, depuis le départ contraint d’Evo Morales en novembre 2019.
Des marches de protestation massives ont ainsi eu lieu le 28 juillet dans la capitale, La Paz, et plusieurs autres villes du pays, contre le nouveau report des élections, décidé en raison de la pandémie de Covid-19. Les manifestants ont exigé le maintien des élections générales au 6 septembre, au lieu du 18 octobre.
Évoquant ces événements, les évêques boliviens estiment, dans le communiqué, «que la vie des êtres humains a une valeur absolue et que jamais elle ne doit être mise en danger pour atteindre un quelconque objectif», critiquant ainsi en creux les appels des organisations syndicales à des manifestations massives.
Mais les prélats sont également très critiques à l’égard du pouvoir (par intérim) en place, déclarant qu’il est «irrationnel et immoral d’utiliser la pandémie pour déstabiliser les institutions du pays en arguant des vies perdues de nos frères boliviens».
La Conférence épiscopale exprime également sa préoccupation concernant la violence aggravée «entre différents groupes qui s’affrontent et mettent en danger la sécurité et la vie des gens. La haine n’est la solution à aucun problème. Nous condamnons toute violence d’où qu’elle vienne, qui nous entraîne dans une spirale sans fin».
Enfin, les évêques soulignent leur inquiétude face à l’absence d’efficacité des autorités pour gérer la crise sanitaire. Cette inefficacité «provoque une contagion incontrôlée, une absence d’attention dans les centres de santé et la perte de nombreuses vies humaines.»
La Conférence épiscopale conclut son communiqué en appelant à la solidarité et la l’espérance, pour ne pas tomber dans le renoncement et la terreur. «La prudence et non la peur doit guider nos actes pour sortir victorieux de cette situation». (cath.ch/jcg/rz)
Jean-Claude Gérez
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