Dans les quartiers autour du port, dans les rues jonchées de débris de bâtiments effondrés, des victimes se trouvent toujours sous les décombres.
«C’est une situation tellement critique. Durant toutes les guerres libanaises, on n’avait pas vu ces choses-là. (…) Nous avons cru que c’était le commencement d’une guerre ou bien un attentat contre un politique ou encore qu’Israël avait bombardé», témoigne sur Vatican News le Père Michel Abboud, président de Caritas Liban.
Décrivant l’état de choc subi par la population de la capitale libanaise lors des explosions, le Père Abboud, prêtre de l’Ordre du Carmel, explique que Caritas Liban a mis sur pied un groupe de psychologues dont la mission est d’écouter les personnes traumatisées par la mort ou la disparition de proches, la perte d’une maison, ou tout autre motif de choc.
Au sein de la Caritas, quelque 120 jeunes bénévoles viennent en aide à la population, en distribuant des denrées alimentaires et des médicaments. L’œuvre d’entraide de l’Eglise se tient auprès de ceux qui ont perdu leur maison pour «leur assurer de quoi manger». Les hôpitaux détruits lors des explosions ont été obligés de transférer les malades dans d’autres hôpitaux.
Le Père Abboud s’est rendu dans l’un d’entre eux avec de jeunes bénévoles, où la détresse était si grande qu’une religieuse leur a dit: «Faites ce que vous voulez, ce que vous pouvez, nous avons besoin de tout!» Les besoins sont immenses au sein de la Caritas: alimentation, lait pour les enfants, médicaments, vêtements. Le défi du logement est également de taille, avec 300’000 personnes ayant perdu leur domicile lors des explosions. Les ordres religieux ont ouvert leurs couvents et leurs écoles pour les accueillir.
Le président de Caritas Liban souligne l’importance de «la visite sur le terrain» pour apporter du réconfort aux familles et leur assurer qu’elles ne sont pas seules dans cette épreuve. «C’est la foi qui peut nous aider à supporter. (…) Rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ», assure-t-il en écho à saint Paul.
De son côté, le patriarche maronite Béchara Raï, effectuant une visite à l’archevêché grec-orthodoxe et à l’archevêché maronite de Beyrouth, a une nouvelle fois exprimé le soutien de l’Eglise aux Libanais sinistrés. «Le peuple libanais ne supporte plus de drames supplémentaires», a déclaré le cardinal Raï, avant d’affirmer que l’Eglise «se tient aux côtés du peuple». «N’ayez pas peur», a-t-il encore dit aux Libanais.
Suite aux dramatiques explosions qui ont ravagé la capitale libanaise, «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED/ACN) a décidé de débloquer une aide alimentaire d’urgence d’un montant de 250’000 euros. L’œuvre d’entraide catholique souligne que cette aide d’urgence sera distribuée en priorité aux familles pauvres les plus touchées par l’explosion qui a dévasté la zone portuaire de la capitale libanaise.
Le Père Raymond Abdo, partenaire de l’AED/ACN au Liban, s’est adressé à l’organisation caritative depuis Beyrouth: «L’explosion ressemblait à une bombe atomique avec de la fumée rouge partout et d’énormes dégâts». Le Père Samer Nassif, prêtre libanais et prédicateur de l’AED/ACN, a précisé que la zone chrétienne de Beyrouth était «complètement dévastée», avec au moins 10 églises détruites, 300’000 personnes sans abri et beaucoup d’autres victimes, les moyens de subsistance étant «totalement détruits» par les explosions.
«Mardi 4 août, en une seconde, les quartiers chrétiens de Beyrouth ont subi plus de dommages que pendant les longues années de la guerre civile», a-t-il ajouté. Les quartiers de Gemayzeh et Achrafieh, notamment, ont été ravagés.
Selon les Pères Abdo et Nassif, après la longue crise économique et le coronavirus qui ont mis le pays par terre, le Liban se retrouve sous-équipé pour faire face à l’urgence et assurer l’aide dont la population a besoin de façon pressante, pour répondre à ses nécessités fondamentales.
Dans un «Appel aux pays du monde», le cardinal Béchara Boutros Raï, président de la Conférence des patriarches et des évêques catholiques du Liban, a qualifié Beyrouth de «ville dévastée», parlant de «scène de guerre».
Le Père Abdo a décrit comment, dans un couvent non loin de son monastère, une religieuse âgée et malade est morte de ses blessures dans l’explosion. Le prêtre carmélite a précisé qu’elle était la seule à ne pas se trouver dans la salle à manger du couvent au moment de l’explosion et que, si les autres avaient religieuses avaient été dans leur chambre, beaucoup d’entre elles seraient mortes ou gravement blessées. (cath.ch/vaticannews/aed/acn/be)
Jacques Berset
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