Vincent Gelot habite depuis 4 ans à Beyrouth. Il se trouvait à l’ambassade de France à Beyrouth pour une réunion au moment des explosions, pour déterminer comment le fonds d’aide pour les écoles chrétiennes francophones au Liban allait être alloué aux établissements scolaires. «La première explosion nous a fait sursauter. La seconde nous a projetés au sol, tandis que les faux plafonds nous sont tombés dessus. Nous avons d’abord cru à un attentat. Nous avons rampé pour nous mettre à l’abri, loin des fenêtres, sans comprendre ce qui se passait.»
Puis, les premières informations sur les réseaux sociaux arrivent avec leur lot de rumeurs. «Une fois à l’extérieur, j’ai ramené plusieurs personnes jusque chez elles parce que leurs voitures n’étaient plus accessibles. C’est alors que nous nous sommes rendu compte de l’étendue dramatique des dégâts dans les rues de Beyrouth. Puis, j’ai commencé à recevoir les premiers coups de téléphone, et les premières mauvaises nouvelles.»
Pour les communautés chrétiennes, qu’il soutient avec l’Œuvre d’Orient, les conséquences sont lourdes: «Nous déplorons d’abord des pertes humaines. Une religieuse des Filles de la Charité a ainsi été tuée. De même, l’éparchie de Beyrouth des maronites se situe à un kilomètre du lieu de l’explosion sur le port. Un gardien y a été blessé, tout comme l’archevêque maronite de Beyrouth Mgr Boulos Abdel Sater. Les vitres ont été brisées, des meubles déplacés. Tout a été balayé. Mais, à ce stade, il est encore bien difficile de connaître l’étendue des dommages, notamment pour les édifices religieux.»
«Les communautés religieuses ont un rôle central à jouer dans la reconstruction du Liban »
Vicent Gelot
En réponse à cette situation d’urgence, l’Œuvre d’Orient va prioritairement lancer un appel aux dons pour remettre sur pied les hôpitaux et les dispensaires chrétiens. «Certains, touchés par les explosions, étaient déjà débordés par le coronavirus et ont dû évacuer les malades vers d’autres hôpitaux. Cela pourrait concerner une dizaine de structures de santé dans la zone. Il existe une myriade de dispensaires tenus par des congrégations qui permettent de favoriser un lien entre les différentes communautés.»
L’Œuvre d’Orient va aussi aider à reconstruire les maisons qui ne sont plus habitables et les écoles. «Parce qu’elles accueillent des enfants de toute confession, les écoles chrétiennes, porteuses pour une large part de la francophonie, transmettent les valeurs de fraternité et de vivre-ensemble, plus qu’essentielles au Liban. Les communautés religieuses ont un rôle central à jouer dans la reconstruction. Cela prendra sans doute des mois et des années pour un pays qui est déjà à bout de souffle.»
«Ici, tout le monde est fatigué de ces crises qui n’en finissent plus, explique Vincent Gelot. La population doit surtout compter sur elle-même et sur l’entraide au sein des communautés religieuses. Ils n’attendent plus grand-chose du gouvernement. Un fort désir d’émigration se manifeste. La communauté chrétienne est forte, mais les équilibres sont fragiles. Si de nombreux chrétiens partent, l’équilibre confessionnel avec les chiites et les sunnites serait en danger». (cath.ch/lcx/ A-L. J/CP)
Carole Pirker
Portail catholique suisse
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