L’Eglise protestante allemande veut baisser l’impôt pour les jeunes

L’Eglise évangélique allemande (EKD) envisage de réduire l’impôt ecclésiastique pour les jeunes. Alors que 270 000 protestants ont quitté l’Eglise en 2019 et que ses finances sont en baisse, l’EDK lance une réforme qui doit être discutée lors du Synode en novembre.

Pour s’adapter à une Eglise qui rétrécit et à des finances qui s’amenuisent, l’EDK a émis un document contenant onze principes directeurs de réforme : «Les jeunes ont besoin de possibilités de soulagement au début de leur vie professionnelle et lorsqu’ils fondent une famille», dit le paragraphe 7 du document. «Il convient d’utiliser la marge de manœuvre de l’Eglise en matière d’assujettissement à l’impôt.

Parmi ces principes directeurs de réforme, la proposition de réduction de l’impôt ecclésiastique pour les jeunes est déjà discutée avant même le Synode de novembre 2020. Pour le président du Conseil de l’EKD, Heinrich Bedford-Strohm, «de nombreux jeunes sont occupés par leurs études et leur formation et risquent de perdre le contact avec l’Eglise. Et lorsqu’ils reçoivent leur premier salaire, ils se demandent pourquoi ils devraient payer des impôts ecclésiastiques et démissionnent». L’Eglise se pose donc la «question de savoir ce que nous pouvons faire pour maintenir le plus de jeunes possibles âgés entre 25 à 35 ans dans l’Eglise». 

Perte et revenus records

L’enjeu est de taille: en 2019, les deux Eglises catholiques et protestantes ont perdu plus de membres que jamais auparavant, alors même qu’elles ont reçu la même année un montant d’impôts ecclésiastiques jamais atteint auparavant. La somme a atteint le niveau record d’environ 12,7 milliards d’euros, malgré la baisse du nombre de leurs membres. De ce montant, l’Eglise catholique a reçu 6,76 milliards et l’Eglise protestante 5,95 milliards d’euros. 

Pour 2020, les deux Eglises s’attendent en revanche à de fortes baisses, en raison de la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus. La présidente du Synode de l’EKD, Irmgard Schwaetzer, avait pronostiqué une diminution de l’impôt de 10 à 25 % pour la seule année 2020. 

Impôt: la plus grosse source de revenus

En Allemagne, l’impôt ecclésiastique est de loin la source de revenus la plus importante pour les Eglises. Il s’élève en règle générale à 9% du salaire ou de l’impôt sur le revenu, à 8% dans le Bade-Wurtemberg et en Bavière. Il est également prélevé sur les gains en capitaux. C’est l’administration fiscale qui gère la perception de l’impôts ecclésiastique. Elle reçoit pour ce faire environ 3% des recettes de l’impôt ecclésiastique. 

Quant aux Eglises, elles utilisent ces revenus pour financer les frais de fonctionnement de leur personnel dans les services pastoraux, les écoles et les institutions sociales. A noter que les travailleurs à temps partiel et les chômeurs ne paient pas l’impôt ecclésiastique.

Réduire le taux d’imposition: la solution?

L’évêque de Berlin, Christian Stäblein, a exhorté à ce que ces changements relatifs à l’impôt ecclésiastique ne créent pas de lacune en matière de solidarité. Pour l’évêque de l’Eglise évangélique luthérienne de Hanovre, Ralf Meister, un taux réduit n’empêchera toutefois pas de nombreuses autres démissions. «Il s’agit pourtant d’une décision de base: le travail que fait l’Eglise, vaut-il selon moi la peine, ou non, d’être soutenu par une partie de mes revenus». L’Eglise devrait beaucoup mieux informer sur ce qu’elle fait de l’argent de l’impôt.(cath.ch/epd/kathpress/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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