En Italie, un cliché publié par Chiara Ferragni, une célébrité du réseau social Instagram mondialement connue, le 18 juin 2020 dans la chapelle Sixtine a fait couler beaucoup d’encre. Toute photographie est en effet normalement formellement interdite sous les voûtes de Michel-Ange. Si l’anecdote paraît triviale, elle a cependant eu un effet bénéfique important : l’affluence de jeunes dans les Musées du Vatican a bondi au mois de juin, atteignant plus d’un tiers des visiteurs. Depuis lors, de nombreux musées italiens – tel le célèbre Uffizi à Florence – ont décidé de faire venir un de ces «influenceurs» dans leurs galeries pour attirer ce public inhabituel.
Malgré cela, la situation financière des Musées du Vatican reste très préoccupante. Le journal Il Sole 24 Ore rapporte qu’au mois de juin, seulement 66’000 personnes se sont rendues dans les musées du pape. En juillet, ils ne seraient encore que 70’000 à avoir acheté un billet d’une valeur standard de 17 euros, selon leurs estimations. Très loin des chiffres habituels: on peut estimer que la fréquentation actuelle avoisine les 10% de l’affluence moyenne observée en 2019, qui était de 23’000 personnes par jour, soit un peu plus de 700’000 par mois.
La baisse d’affluence depuis la fermeture des Musées, le 9 mars 2020, au début de la pandémie, a atteint les 3 millions de visiteurs. Une catastrophe pour les finances du Saint-Siège, qui sont très dépendantes des revenus générés par le 3e musée le plus visité au monde en 2019, après le Musée national de la Chine et le Louvre.
Au début du mois de mai, les pertes occasionnées par la crise sanitaire pour le Saint-Siège étaient estimées à une somme allant de 25 à 30 millions d’euros. Sur ce montant, environ 17 millions étaient directement liés à la fermeture des Musées, soit environ 60% des revenus. Et au regard des affluences observées depuis presque deux mois, la somme risque très fortement d’avoir doublé aujourd’hui.
Une source de préoccupation pour les administrateurs du Saint-Siège, d’autant plus que les caisses vaticanes doivent aussi soutenir la solidarité consentie en mars dernier sur les loyers de son parc immobilier – réduits parfois de deux tiers sur décision du Vatican. La fin du confinement et le retour de nombreuses activités commerciales ne signifient pas pour tous une reprise fructueuse, notamment pour le secteur touristique, qui regarde avec inquiétude certaines rues inhabituellement vides du centre historique romain.
Pour le Saint-Siège, la question de la collecte du Denier de Saint-Pierre, repoussée au 4 octobre 2020, sera donc essentielle pour limiter les pertes. Cela pourrait aussi être un des effets de la nouvelle Constitution apostolique – et donc des dernières réformes de la Curie – qu’on pourrait attendre d’ici la fin de l’année, et qui pourrait peut-être permettre au plus petit État du monde de faire quelques économies structurelles. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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