Le projet de loi de révision des lois de bioéthique français prive, dans son acception actuelle, certains enfants d’avoir un père et une ascendance paternelle. Une perspective contre laquelle la CEF s’élève avec force. «Comment se satisfaire d’une telle discrimination entre les enfants dès leur conception et leur naissance?», s’indigne ainsi Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de bioéthique de la CEF, lors d’une conférence filmée et diffusée le 20 juillet 2020.
Le texte étend en effet la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Il autorise à une femme de donner ses ovocytes à sa compagne afin que cette dernière puisse, une fois l’ovule fécondé lors d’une fécondation in vitro (FIV), porter l’enfant. «Ce projet de loi nous fait passer de la reconnaissance de la pleine dignité de l’enfant comme un sujet de droits, à la prévalence du ‘projet parental’ sur lui de telle sorte que des adultes peuvent lui imposer une privation de certains de ses droits», relève Mgr d’Ornellas. «Comment affirmer de façon péremptoire que priver délibérément un enfant d’un père n’est pas un mal pour l’enfant et respecte ses droits? N’est-ce pas jouer avec le feu que de lui imposer légalement un double lien maternel qui serait biologique avec une femme et gestationnel avec une autre?» Il appelle ainsi urgemment à examiner l’accès de «la PMA pour toutes» dans le cadre d’une réflexion générale et cohérente du droit de la filiation. «Celui-ci est majeur : par sa filiation, chacun entre dans l’histoire, respecté ou non», affirme l’archevêque de Rennes.
Un autre motif d’inquiétude pour les prélats est l’extension du diagnostic préimplantatoire aux anomalies chromosomiques (DPIA). Une démarche technologique qui pourrait aboutir à l’élimination des embryons porteurs de trisomie 21.
Sur ce point, Mgr d’Ornellas souligne la contradiction entre ceux qui fustigent les dérives économiques et les destructions de l’environnement, tout en cautionnant les dérives biotechnologiques. «Certains plaident faussement qu’ainsi va le sens de l’histoire, ce que contredit le virage écologique qui s’impose à nous! Ils s’affirment progressistes en ayant une vision étroite du progrès, qui ne considère pas vraiment la santé publique comme bien commun et qui exclut le respect dû à l’être humain le plus fragile!»
«La bioéthique aussi a besoin d’une salutaire prise de conscience ! Elle doit entendre ces alertes, dont certaines sont devenues plus vives en raison de la pandémie», estime l’archevêque. (cath.ch/com/cx/rz)
Raphaël Zbinden
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