Caritas dénonce les sanctions américaines contre la Syrie

Les pénalités économiques américaines ont contribué à aggraver la situation économique syrienne, a dénoncé Aloysius John, secrétaire général de la Caritas internationalis, le 16 juillet 2020 lors d’une conférence en ligne. Selon lui, de telles sanctions sont contre-productives et s’apparentent à des instruments permettant le ‘meurtre passif de civils innocents’.

Depuis le 17 juin, la «loi César»,(Caesar Syria Civilian Protection Act), adoptée en décembre dernier par le Congrès américain, est entrée en application. Censée punir le gouvernement Assad pour ses nombreuses détentions et la violence commises envers les civils, ce texte impose notamment le gel de l’aide à la reconstruction et des sanctions drastiques contre le régime de Damas et les entreprises collaborant avec celui-ci.

La situation économique au Proche-Orient s’est considérablement détériorée ces six derniers mois, a analysé Aloysius John, et les sanctions économiques et l’embargo sur la Syrie ont contribué à aggraver cette tendance. Selon lui de telles mesures, unilatérales, à caractère politique et promulguées sans chercher à dialoguer, n’ont pas les effets escomptés et s’avèrent contre-productives.

Ce type de sanctions, a abondé le Français contribue à détruire la vie des personnes les plus vulnérables, engendre une inflation et prive la population, déjà affectée par le Covid-19, des biens de première nécessité. Il a ainsi qualifié ces sanctions «d’outils pour le meurtre passif de civils innocents» et a également déploré qu’elles créent un terrain fertile pour le terrorisme.  

Au Liban, 75% de la population a besoin d’assistance

Pour relancer l’économie en Syrie, le secrétaire général de la Caritas internationalis a notamment encouragé l’Europe à développer des politiques économiques allant au-delà de l’aide humanitaire: par le biais d’institutions de micro-finances, des prêts pourraient être accordés à des agriculteurs, à des coopératives et à des petites entreprises pharmaceutiques pour soutenir les besoins locaux. 

Aloysius John s’est en outre inquiété pour le Liban, pays qui traverse actuellement une crise économique de grande envergure et dont l’économie pourrait être touchée par effet ricochet par ces mesures. Directrice de la Caritas locale, Rita Rhayem a souligné que la monnaie libanaise avait perdu 80% de sa valeur, estimant à 75% le pourcentage de la population ayant besoin d’assistance. «Le Liban a toujours été un centre d’aide essentiel pour l’envoi de l’aide humanitaire à des pays comme la Syrie et l’Irak», a-t-elle ajouté; «si la situation ne s’améliore pas, les conséquences pour toute la région seront catastrophiques». 

La pandémie, l’occasion d’une nouvelle connexion solidaire

Par ailleurs, durant cette conférence, le Français a souligné l’urgence atypique que représentait la pandémie: les pays donnant le plus à l’institution ont aussi été ceux les plus touchés. Il a encore réitéré l’appel du pape François à annuler la dette des pays les plus pauvres en cette période de pandémie et à arrêter toute violence et tout conflit.

Présent à cette conférence virtuelle, le cardinal Antonio Tagle s’est pour sa part dit convaincu que cette pandémie peut être une occasion de bâtir une nouvelle connexion solidaire. Il s’agit selon lui d’adopter le regard inclusif porté par le pape François dans Laudato si’ et de travailler à des actions concrètes telles que le cessez-le-feu mondial demandé par le pontife. 

Pour lutter contre le Covid-19, quelque 23 projets ont été financés par la Caritas Internationalis et 14 sont en cours, a-t-il en outre été souligné. À l’heure actuelle, l’organisme humanitaire du Saint-Siège aide près de 9 millions de personnes dans 14 pays, dont l’Équateur, l’Inde, la Palestine, le Bangladesh, le Liban et le Burkina Faso. (cath.ch/imedia/cg/mp)

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