En se servant de paraboles, Jésus n’a pas innové par rapport à la culture de son temps et de son milieu: l’Ancien Testament déjà offre maints exemples de ce mode de communication que les rabbins contemporains de Jésus utilisaient, eux aussi, couramment.
Pourtant la manière de Jésus a incontestablement surpris. Il faut dire qu’elle succédait à une prédication où il avait d’abord proclamé sans fard la proximité du Royaume des Cieux, et donc la nécessité de se convertir au Seigneur. Avec l’enseignement en paraboles, ce n’est pas l’objet de la proclamation qui change, mais la façon voilée de la faire entendre.
C’est dire que Jésus n’emploie pas les paraboles simplement pour adopter un langage plus parlant. Sans doute, les images font voir, elles aident à saisir, mais elles intriguent aussi. Seul sera en mesure de comprendre, celui qui se mettra à chercher, à réfléchir, à s’interroger, stimulé par un narrateur qui provoque ses auditeurs jusque dans leurs retranchements.
Plusieurs évangélistes ont expliqué, à leur manière, le pourquoi des paraboles. Pour Matthieu, les comprendre suppose un cœur ouvert à la révélation, sincèrement désireux d’accueillir et de mettre en pratique la Parole, en dépit des oppositions qu’elle rencontre et de ses échecs apparents.
«Il y a plus de deux mille ans déjà que ‘le semeur est sorti pour semer’, et l’on est parfois tenté de dire: quel gâchis que ces semailles!»
La parabole du semeur, ainsi que l’explication que Jésus en donne, apparaît alors comme une illustration des obstacles que rencontre la prédication évangélique. N’est-il pas vrai, pour nous aussi, qu’à certaines heures, tout se ligue afin de nous empêcher de recevoir l’Evangile et nous faire douter de son avenir dans le monde?
Il y a plus de deux mille ans déjà que «le semeur est sorti pour semer», et l’on est parfois tenté de dire: quel gâchis que ces semailles, quelles pertes considérables! Et si notre propre réponse à la folle prodigalité de Dieu consistait à saisir sans tarder la parole entendue, afin d’être à notre tour saisis par elle, engagés dans la voie de l’obéissance et du zèle missionnaire à son service? Si c’était cela, comprendre les paraboles?
Pourtant la moisson annoncée par Jésus est tout bonnement phénoménale! Mas il est vrai qu’elle a un prix et ne s’établira qu’au travers de nombreux échecs. Mais, et cela doit nous consoler, tour à tour, nous sommes chacun un peu de cette terre parfois ingrate. Reste le don de Dieu, mais il suppose un cœur qui écoute et c’est peut-être là que nous devons exercer notre exigence.
Sœur Marie-Paule | Vendredi 10 juillet 2020
Mt 13, 1-9
Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison,
et il était assis au bord de la mer.
Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes
qu’il monta dans une barque où il s’assit ;
toute la foule se tenait sur le rivage.
Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :
« Voici que le semeur sortit pour semer.
Comme il semait,
des grains sont tombés au bord du chemin,
et les oiseaux sont venus tout manger.
D’autres sont tombés sur le sol pierreux,
où ils n’avaient pas beaucoup de terre ;
ils ont levé aussitôt,
parce que la terre était peu profonde.
Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé
et, faute de racines, ils ont séché.
D’autres sont tombés dans les ronces ;
les ronces ont poussé et les ont étouffés.
D’autres sont tombés dans la bonne terre,
et ils ont donné du fruit
à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »
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