Kath.ch / traduction Maurice Page
En 2018, un film sur la fenaison en Suisse centrale a remporté le Prix catholique des médias. La référence à la religion n’y est pas explicite. Que faut-il pour qu’une contribution puisse être soumise?
Alain de Raemy : Le message de l’Evangile apparaît dans cette contribution de manière discrète ou implicite, et pourtant non moins forte.. On voit comment l’homme défie la nature malgré les conditions difficiles. Le documentaire montre également, mais discrètement, comment la foi soutient la famille d’agriculteurs malgré la mort du père, d’ailleurs survenue pendant la période du tournage. Le fils souffre d’un handicap mental, mais il est clair que la vie vaut toujours la peine d’être vécue. Enfin, le documentaire montre l’importance cruciale du soutien mutuel.
«La contribution doit témoigner de la force du bien dans l’homme.»
Le message de l’Evangile n’a donc pas besoin d’être explicite. Il n’est pas nécessaire que ce soit une proclamation. Mais il doit s’agir d’une contribution qui rend pour ainsi dire un bon service à l’Evangile, ou mieux encore, qui témoigne de la force du bien dans l’homme, dans laquelle Dieu est présent.
Existe-t-il des éléments qui permettraient de disqualifier une contribution?
Il y a beaucoup de place, tant que l’œuvre proposée est dans une dynamique d’espérance. Par exemple, une contribution qui ferait l’éloge du suicide comme seule solution au désespoir ou resterait systématiquement négative n’aurait pas de chance de gagner le prix.
«Les contributions critiques à l’égard de l’église sont également les bienvenues».
Qu’en est-il de la critique de l’Eglise?
Elle est également bienvenue. C’est même écrit dans le règlement. Mais là aussi, une contribution critique doit être porteuse d’espoir. Si le message était que l’Eglise n’a pas d’avenir, nous ne pourrions pas le distinguer. Mais s’il ne s’agit pas simplement de s’adapter au monde, mais de s’adapter mieux, voire beaucoup mieux, au message du Christ pour la vie de l’Église, alors oui.
Quelle est votre approche spécifique de l’évaluation du jury?
Tout d’abord, chaque membre regarde, écoute ou lit les contributions et élabore une argumentation pour accorder telle place à telle proposition. Il est également envisageable que deux contributions se partagent le prix. Ensuite, nous échangeons nos points de vue à ce sujet dans le cadre d’un débat. Nous avons déjà eu des avis différents quant à savoir si une contribution répond aux exigences, par exemple si un lien – obligatoire – avec la Suisse est effectivement présent. Ensuite, chaque membre donne son classement parmi les contributions qui ont manifestement déjà reçu le plus de voix dès le départ.
Les divergences d’opinion sont donc résolues de manière assez harmonieuse par le vote?
Précisément. Nous prenons tous grand plaisir à ce processus de décision. Nous apprenons beaucoup les uns des autres. Pour ma part, il m’est arrivé de changer d’avis grâce à la discussion sur les contributions.
«Les lauréats sont heureux et parfois même surpris.»
Les auteurs des propositions ne sont pas nécessairement issus ou proches de l’Eglise. Comment les lauréats réagissent-ils?
Le prix de 3000 à 5000 francs n’est pas une somme énorme. Mais je suis stupéfait de la joie qu’expriment les lauréats. Ils sont heureux et parfois même surpris de l’attention que leur travail, leur art, a pu attirer dans un jury catholique. La reconnaissance de leur travail construit des ponts. Ils apprécient également de venir à la cérémonie de remise des prix. (cath.ch/kath.ch/mp)
Règlement et inscription: Prix catholique des médias
Maurice Page
Portail catholique suisse
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