Très ancienne, la tradition de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus puise sa source dans les textes de l’Evangile et s’est développée progressivement dès le Moyen Âge grâce à l’enseignement de Pères de l’Eglise et de bons nombre de saints. Saint Pierre Damien (1007-1072), Docteur de l’Eglise, écrivait déjà : « Etes-vous affligés, le souvenir de vos péchés vous trouble-t-il ? Entrez dans le Cœur de Jésus, c’est un asile assuré, c’est le refuge de tous les malheureux ». Au XVIIe siècle, la Française sainte Marguerite-Marie Alacoque donne cependant une véritable impulsion à la diffusion de cette dévotion.
A partir de 1673, cette religieuse visitandine de Paray-le-Monial reçoit des visites du Christ. Le 16 juin 1675, jour de la Fête-Dieu, le Christ lui apparaît pour lui demander que le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer son cœur. Le Christ souhaite que les peuples aiment davantage son cœur, confie-t-il à la visitandine. Marguerite-Marie Alacoque rapporte ces visions surnaturelles au jésuite le Père Claude la Colombière qui la réconforte à ce sujet, et l’invite à rédiger ses apparitions mystiques.
Si cette fête est rapidement adoptée par certains diocèses en France de façon informelle, il faudra attendre un siècle pour que le souhait de la sainte soit exaucé. Le 26 janvier 1765, le pape Clément XIII signe un premier décret qui institue officiellement cette fête, accordant une messe et un office aux évêques polonais. Cette fête est alors approuvée dans tous les diocèses du monde qui en font la demande. Se répandant en France puis en Europe, la fête du Sacré-Cœur rentre officiellement dans le calendrier liturgique le 23 août 1856 grâce au pape Pie IX.
Plus tard, Léon XIII publie le 25 mai 1899 une encyclique à ce sujet, intitulée Annum Sacrum, dans laquelle il consacre chaque être humain au Sacré-Cœur. Ce texte est inspiré par la bienheureuse Marie du Divin Cœur, de la congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, religieuse qui n’a cessé de se confier au Sacré-Cœur. Grâce à l’accord de son confesseur, elle écrit au pape Léon XIII pour lui demander de confier le genre humain au Cœur de Jésus.
Cette encyclique ne sera pas la seule consacrée à ce sujet. «Le cœur de Jésus, plus que toutes les autres parties de son corps, est le signe naturel et le symbole de son immense charité envers l’humanité […] qui nous pousse à y répondre par notre propre amour», écrit le pape Pie XII dans Haurietis aquas (1956). Avec cette encyclique parue en 1956, soit 100 ans après la promulgation au sein de l’Eglise universelle de culte du Sacré-Cœur de Jésus, le pontife souhaite honorer l’extension de la dévotion décidée par Pie IX.
Le pape François est lui aussi très attaché à la dévotion du Cœur de Jésus, ne serait-ce que par ses racines jésuites. Et pour cause, en 1688, sainte Marguerite-Marie a une vision dans laquelle le Seigneur confie conjointement aux Pères de la Compagnie de Jésus et aux religieuses visitandines la tâche de « transmettre à tous l’expérience et la compréhension du mystère du Sacré-Cœur ». Il faut rappeler que le Père spirituel de la religieuse française n’est autre que le Père Claude la Colombière, un jésuite.
Deux cents ans plus tard, la Compagnie de Jésus accepte officiellement cette mission par un décret publié en 1883 et la confie à l’Apostolat de la prière, aujourd’hui Réseau mondial de prière du pape. Chargé d’une mission de compassion pour monde, cet organisme qui se consacre aux intentions du pape depuis Léon XIII a été élevé au rang d’œuvre pontificale par le pape François en 2018 et est désormais rattaché à la Curie romaine.
« Prions pour que ceux qui souffrent trouvent des chemins de vie en se laissant toucher par le Cœur de Jésus », tel est la demande du pontife argentin envers les fidèles, dans sa vidéo de son intention de prière du mois de juin. Si le calendrier liturgique célèbre le Sacré-Cœur en juin depuis le pontificat de Pie IX, cette intention fait aussi écho centenaire de la canonisation de Marguerite-Marie Alacoque. Dans cette courte allocution, le chef de l’Eglise catholique n’hésite pas à rappeler l’importance du Sacré-Cœur de Jésus, qui accueille «tout le monde dans la révolution de la tendresse». Née à Paray-le-Monial, la spiritualité de la petite française fait aujourd’hui partie de l’héritage de l’Eglise universelle. (cath.ch/imedia/aj/mp)
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