Réuni le 15 juin à Berne, le parlement national de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) a tenu son premier synode depuis la refonte de son organisation adoptée en 2019. Pour les 26 Eglises membres, l’affaire liée à la démission de Gottfried Locher, son ex-président et de Sabine Brändlin, membre de l’exécutif au plan national, a occupé l’essentiel des débats.
La réponse orale des cinq membres du Conseil de l’EERS (son organe directeur et exécutif) à l’interpellation des Eglises d’Argovie, Berne-Jura-Soleure, Vaud et Zurich était très attendue par les 75 membres du législatif de l’EERS. Le conseil a présenté un résumé chronologique des derniers mois ayant débouché sur la démission de Sabine Brändlin puis celle du président Gottfried Locher. Il a également fait le point sur la procédure concernant une plainte déposée en mars dernier par une ancienne collaboratrice de l’EERS contre Gottfried Locher. D’autres femmes se sont également manifestées depuis lors pour déplorer l’attitude du président à leur égard.
On sait maintenant ce qui se cache derrière les démissions de deux membres du comité directeur de l’Eglise protestante suisse: l’ancien président Gottfried Locher et la théologienne et pasteure bâloise Sabine Brändlin ont eu une liaison extraconjugale en 2018 et 2019 , a révélé Ulrich Knoepfel, l’un des membres de l’exécutif. Selon le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung, le conseil a exigé leur démission le 23 avril.
Alors que Sabine Brändlin a présenté sa démission dans la journée, Gottfried Locher a de son côté laissé passer quatre semaines avant de s’exécuter. Pour Ulrich Knoepfel, cette relation entre l’ancien président de l’EERS et Sabine Brändlin est d’autant plus problématique que celle-ci avait fait campagne pour la réélection de son amant à la tête de l’Eglise en 2018. Un communiqué de l’EERS publié dans la soiré du 15 juin indique que toute la transparence n’a pas pu être faite plus rapidement en raison d’interventions juridiques. La vice-présidente Esther Gaillard a déclaré à la TV alémanique que Gottfried Locher s’était présenté au conseil accompagnée de son avocate qui aurait menacé de plaintes judiciaires les membres du Conseil et suggéré de renoncer à une enquête au profit d’un dialogue entre la plaignante et l’accusé.
Lors de sa réélection en 2018 Gottfried Locher avait déjà dû faire face à des des accusations de la part des milieux féministes. Mais elles étaient, à l’époque, restées vagues. «Si l’affaire avait été connue, Locher n’aurait probablement pas été confirmé dans ses fonctions», a déclaré Ulrich Knoepfel. Interpellé par les autres membres de l’exécutif à propos de rumeurs relatives à cette relation, Gottfried Locher avait alors nié les faits.
Selon la NZZ, Sabine Brändlin n’a déclaré sa liaison avec Gottfried Locher qu’au printemps 2020, lorsque l’exécutif dont elle était membre a traité les accusations portées contre lui par d’autres femmes. La question était d’autant plus délicate que Sabine Brändlin était responsable de la prévention des abus au sein du Conseil de l’EERS et qu’elle avait à ce titre été saisie de la plainte contre son président. Selon Christoph Weber-Berg, président du Conseil des Eglises d’Argovie, Locher aurait abusé à plusieurs reprises de son pouvoir dans son bureau afin de mettre les femmes sous pression et de les «approcher de façon inappropriée» – contre leur volonté. Il aurait ainsi mis en danger leur santé psychologique et sexuelle. En l’état de l’enquête, la présomption d’innocence s’applique cependant à Gottfried Locher.
La commission de contrôle de gestion de l’EERS a présenté à l’assemblée synodale un rapport d’enquête sur l’affaire. Le synode a pris acte du texte et également approuvé la mise en place d’une commission non permanente, chargée des enquêtes internes et externes. Le malaise a été encore renforcé par une proposition de ne pas dévoiler à la presse le contenu des débats et du rapport de la Commission de gestion, au nom de la protection des personnes. Cette proposition n’a cependant pas atteint la majorité qualifiée des deux-tiers requise.
Gottfried Locher occupait la présidence depuis 2011. La vice-présidente Esther Gaillard et le vice-président Daniel Reuter dirigent les affaires du conseil jusqu’à ce que la présidence soit repourvue. L’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) a remplacé le 1er janvier 2020 la FEPS, la Fédération des Eglises protestantes. (cath.ch/cp)
Carole Pirker
Portail catholique suisse
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