Jésus est pris aux entrailles, touché au cœur par les foules qu’il rencontre: fatiguées, abattues, lamentables, abandonnées de leurs pasteurs. Seul, il ne suffira pas à la tâche, il ne pourra en venir à bout: il embauche. Douze Apôtres pour les douze tribus d’Israël, pour toute la terre. Ambition démesurée, qui s’accorde si mal avec cette bande hétéroclite, prête à se disloquer si Jésus ne lui donnait lui-même sa cohésion: quelques pêcheurs, un ex-publicain, un maquisard, un traitre en sursis et quelques autres dont on ne sait rien. Sans la puissance de l’Esprit, comment seraient-ils à la hauteur d’une telle charge?
«Priez donc le maître de la moisson». Nécessité permanente, car on ne peut se donner à soi-même la mission, sans risque de se prêcher soi-même au lieu du Christ, de faire de l’apostolat son affaire et non celle du Royaume, d’engranger pour son propre compte. C’est l’œuvre du Messie que les disciples sont appelés à prolonger. Leur troupe disparate doit prendre la place laissée vacante par les chefs officiels d’Israël démissionnaires de leur rôle de rassembleur.
«En dehors de toute ambition humaine, avant toute stratégie pastorale, c’est l’onde de choc de la compassion qu’il faut propager.»
Et aujourd’hui?… Peut-on, sans arrière-pensée, en vérité proposer cet avenir à nos jeunes? A nous-mêmes? Comme le dit le Père de Lubac: «Combien folle est cette croyance en une Eglise, où non seulement le divin et l’humain sont unis, mais où le divin s’offre obligatoirement à nous à travers le «trop humain»! Car si l’Eglise est vraiment au milieu de nous «Jésus Christ continué», si elle est pour nous «Jésus Christ répandu et communiqué», les hommes d’Eglise, eux, laïcs ou clercs, n’ont pas hérité du privilège qui faisait dire hardiment à Jésus: «Qui d’entre vous me convaincra de péché»?
Bien plus que pour le Christ, comme il faudra donc, pour contempler l’Eglise sans scandale, que le regard se purifie et se transforme!»[1] L’objectif: d’abord les brebis de la maison d’Israël, vu l’urgence de leur détresse. La mission universelle sera pour plus tard, après Pentecôte. Même alors, la consigne demeurera de se porter d’abord vers les laissés pour compte, ceux qui mettent en branle, au cœur de l’apôtre, la compassion du Christ.
Car en dehors de toute ambition humaine, avant toute stratégie pastorale, c’est l’onde de choc de la compassion qu’il faut propager, jusqu’au lieu même de l’errance des brebis: là où Jésus combat, aux côtés des siens, pour guérir, libérer, pardonner. Lier son sort aux plus démunis, c’est déjà leur indiquer la source et le terme: l’unique Royaume préparé par la tendresse d’un Dieu qui donne tout, gratuitement.
[1] Méditation sur l’Eglise p° 35 sSœur Marie-Paule | Vendredi 12 juin 2020
En ce temps-là,
voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles
parce qu’elles étaient désemparées et abattues
comme des brebis sans berger.
Il dit alors à ses disciples :
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Alors Jésus appela ses douze disciples
et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs
et de guérir toute maladie et toute infirmité.
Voici les noms des douze Apôtres :
le premier, Simon, nommé Pierre ;
André son frère ;
Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
Philippe et Barthélemy ;
Thomas et Matthieu le publicain ;
Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ;
Simon le Zélote
et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.
Ces douze, Jésus les envoya en mission
avec les instructions suivantes :
« Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes
et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.
Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
Sur votre route,
proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts,
purifiez les lépreux, expulsez les démons.
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