Le 5 juin 1960, le saint pape Jean XXIII fondait le Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens, qui deviendra en 1988 le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Le cardinal Koch, président de ce conseil nommé par Benoît XVI il y a bientôt 10 ans et confirmé à son poste par le pape François, tient à saluer le chemin parcouru.
«Tous les papes qui se sont succédé depuis le Concile [Vatican II] ont montré un cœur ouvert à la cause œcuménique et il y a eu une grande continuité et cohérence entre eux», souligne le cardinal Koch. Ils ont tous à leur manière su affirmer que l’unité de l’Eglise correspond à la volonté du Seigneur, insiste-t-il.
Cependant, «le véritable objectif du mouvement œcuménique, à savoir la restauration de l’unité de l’Eglise, n’a pas encore été atteint», reconnaît le haut prélat suisse. Selon lui, le mouvement œcuménique n’en est qu’à ses débuts.
Cela s’explique par l’absence d’un consensus vraiment solide sur l’objectif de l’œcuménisme au sein de l’Eglise catholique comme en dehors, soutient le cardinal Koch. La tâche du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens consiste aujourd’hui à définir la forme que l’œcuménisme devrait prendre.
Les papes ont chacun apporté leur pierre à l’édifice, explique le haut prélat, soulignant l’accent mis par saint Jean XXIII sur la corrélation entre le renouvellement de l’Eglise et l’œcuménisme ou par saint Paul VI sur l’adoption du décret Unitatis Redintegratio (1964) qui fixait les objectifs de l’Eglise en la matière. Il rappelle aussi l’importance qu’accordait saint Jean Paul II au témoignage des martyrs des différentes confessions chrétiennes, ou l’enseignement de Benoît XVI sur le lien entre foi et œcuménisme.
Au cours de ces années, «il est apparu de manière toujours plus évidente que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous sépare», constate le cardinal Koch. Pour cela, il rappelle ses derniers chantiers en cours.
Le premier est un vade-mecum sur l’œcuménisme à destination des évêques qui doit paraître en septembre. Ces derniers sont «les premiers responsables de l’unité des chrétiens», souligne le Suisse, et il est donc normal de les aider «à comprendre plus en profondeur et à mettre en pratique leur responsabilité œcuménique».
Le second est la publication par son organisme de la revue Acta Œcumenica, qui vise à informer sur les progrès effectués en matière d’œcuménisme. Communiquer sur ce point est important, constate le cardinal Koch, car il y a aujourd’hui «une information insuffisante concernant les développements et les progrès de l’œcuménisme».
«Tous les efforts et activités œcuméniques doivent servir à restaurer l’unité des chrétiens», affirme le cardinal Kurt Koch dans une grande interview accordée à Vatican News le 5 juin 2020. Morceaux choisis.
Le chemin œcuménique est souvent défini comme un «échange de dons». En soixante ans, comment l’Eglise catholique a-t-elle été transformée par cette réciprocité? Quels sont les dons que notre Église a offerts aux autres chrétiens?
Mgr Kurt Koch: Derrière cette définition, il y a la conviction que chaque Eglise peut apporter une contribution spécifique à la restauration de l’unité. Des Eglises et des communautés ecclésiales nées de la Réforme, l’Eglise catholique a surtout appris la centralité de la Parole de Dieu dans la vie de l’Eglise, dans les célébrations liturgiques et dans la pensée théologique. La conscience que la foi vient de l’écoute de la Parole de Dieu et que l’Evangile de Jésus-Christ doit être au centre de l’Eglise a été ravivée en nous. Des Eglises orthodoxes, comme le pape François l’a souligné à maintes reprises, nous pouvons apprendre beaucoup sur la synodalité dans la vie de l’Eglise et la collégialité des évêques.
Pour sa part, l’Eglise catholique peut offrir un don spécial à la discussion œcuménique: l’accent mis sur l’universalité de l’Eglise. Parce qu’elle vit dans l’interrelation entre l’unité de l’Eglise universelle et la multiplicité des Eglises locales, elle peut montrer par l’exemple que l’unité et la multiplicité ne sont pas opposées même dans l’œcuménisme, mais se soutiennent mutuellement.
L’œcuménisme vise la pleine communion entre tous les chrétiens. Concrètement, qu’est-ce qui a été fait?
Tous les efforts et activités œcuméniques doivent servir à restaurer l’unité des chrétiens; il est nécessaire de s’assurer de temps en temps qu’ils continuent à viser cet objectif. Cela vaut en particulier pour le dialogue de la charité, c’est-à-dire le soin mis à entretenir des relations amicales entre les différentes Eglises. Ce dialogue a permis de surmonter de nombreux préjugés du passé et d’intensifier une meilleure compréhension. Le dialogue de la vérité, c’est-à-dire l’analyse théologique des questions controversées qui ont conduit à des divisions au cours de l’histoire, est tout aussi important. Lors de ces dialogues, il est apparu de manière toujours plus évidente que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous sépare. Enfin, l’œcuménisme spirituel doit être mentionné comme un aspect fondamental, c’est-à-dire l’adhésion profonde et concordante de tous les fidèles à la prière sacerdotale de Jésus, «que tous soient un». Cette prière maintient éveillée en nous la conscience que l’unité de l’Eglise correspond à la volonté du Seigneur.
Il y a soixante ans, le contexte œcuménique était très différent. Comment a-t-il évolué et comment définir la situation œcuménique et les défis d’aujourd’hui?
En 1960, le mouvement œcuménique, dans sa forme officielle au sein de l’Eglise catholique, n’en était encore qu’à ses débuts. Au cours des soixante dernières années, de nombreuses réunions et temps de dialogue ont eu lieu. Il a été possible d’en tirer de nombreux fruits positifs. Cependant, le véritable objectif du mouvement œcuménique, à savoir la restauration de l’unité de l’Eglise, n’a pas encore été atteint. À l’heure actuelle, l’un des plus grands défis consiste précisément en l’absence d’un consensus vraiment solide sur l’objectif de l’œcuménisme. Il y a une entente sur la nécessité de l’unité, il n’y en a pas encore sur la forme qu’elle devrait recouvrir. Nous avons besoin d’une vision commune, c’est essentiel pour l’unité de l’Église. Les prochaines étapes ne peuvent être franchies que si nous avons un objectif clair à l’esprit. (cath.ch/imedia/cg/vatnews/bh)
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